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«Divorce national» aux États-Unis?: voici pourquoi le tweet de Marjorie Taylor Greene est dangereux et irresponsable

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Ceux et celles qui reviennent régulièrement sur le Carnet américain savent déjà que je souhaite depuis un bon moment que le Parti républicain effectue un ménage au sein de ses troupes.

Débarrasser une formation politique de ses éléments nuisibles n’est pas chose aisée, surtout lorsque les échéances électorales se bousculent. Pâles copies ou émules de Donald Trump, des élu(e)s comme Marjorie Taylor Greene nourrissent sans vergogne la désinformation et attisent les passions dans un contexte de polarisation où on ne devrait surtout pas confier des allumettes à ceux qui transportent les bidons d’essence.

Un divorce national

Dans un gazouillis qui circule beaucoup depuis hier, la représentante de la Géorgie a évoqué la nécessité de séparer les États rouges des États bleus. Agitant comme tant d’autres l’épouvantail woke qui gangrènerait les États démocrates, elle n’envisage rien de moins qu’un «divorce national».

Autant de la part des élus les plus progressistes que des trumpistes les plus déjantés, j’ai lu ou entendu bon nombre de choses qui m’ont désarçonné depuis quelques années. Mais qu’une élue propose ce «divorce», le jour même où on honore les présidents américains (Presidents’s day), marque une radicalisation déjà perceptible lors de la contestation des résultats de l’élection 2020 et de l’assaut sur le Capitole le 6 janvier 2021.

À l’évidence, l’égérie de l’extrême droite a besoin de quelques leçons d’histoire et d’un cours accéléré sur le fonctionnement des institutions politiques de son pays. On peut comprendre qu’il est stratégiquement payant de se comporter en démagogue et d’exploiter la colère et la haine de certains électeurs, mais nous atteignons ici les limites de l’exercice.

Le «divorce national» qui a eu lieu entre 1861 et 1865 devrait constituer un rappel des dangers et des horreurs de cette possible séparation des États. Nous n’en sommes pas encore à référer directement à des combats violents ou à la destruction de certaines régions, mais on en sait suffisamment pour éviter d’évoquer pareils souvenirs.

Non seulement le gazouillis de Taylor Greene est dangereux et irresponsable de la part d’un ou une élu(e), mais il faut rappeler que dans un nécessaire compromis pour gagner le titre de Speaker de la chambre, Kevin McCarthy a accordé à sa collègue au sein de deux comités dont celui de la Sécurité nationale.

Il faut condamner vigoureusement

En effectuant ma revue des médias américains mardi, je m’attendais à ce que les élus, sans égard pour leur affiliation politique, s’entendent pour rejeter la proposition. Il va de soi que je ne me suis pas étonné du ton courroucé des démocrates, l’occasion était trop belle de récupérer politiquement pareille bourde.

Si la condamnation démocrate est vive, je cherche encore une réaction cohérente du Parti républicain. Il y a bien une déclaration de Liz Cheney, au ban de sa formation politique, et celle du gouverneur de l’Utah Spencer Cox qui a accolé le qualificatif «diaboliques» au propos de Taylor Greene, mais rien d’unanime au sein du GOP. Le parti en est là en 2023?

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