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Pénurie dans les services de garde scolaires: une éducatrice pour 60 élèves pendant l’heure du dîner

Pénurie dans les services de garde scolaires: une éducatrice pour 60 élèves pendant l’heure du dîner
AFP

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La pénurie dans les services de garde des écoles primaires ne fait que s’aggraver dans certaines écoles, où des éducatrices doivent prendre en charge 60 élèves pendant l’heure du dîner, soit trois fois plus qu’à l’habitude.

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À l’école Alfred-Desrochers, située en périphérie de Sherbrooke, les éducatrices de services de garde sont devenues des surveillantes d’élèves pendant l’heure du dîner.  

Résultat: plutôt que d’organiser des activités éducatives pour un groupe de 20 élèves, elles doivent maintenant surveiller chaque jour jusqu’à 60 élèves de la première à la sixième année. 

Cette mesure, prévue dans un plan de contingence pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, n’a toutefois pas permis de tout régler puisque même le ratio de 60 élèves pour un adulte est parfois dépassé, indique le syndicat qui représente les employés de soutien scolaire du Centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke.   

«Certains midis, le ratio est même allé jusqu’à 80 élèves», laisse tomber sa présidente, Renée Bibeau, qui affirme que cette mesure «nuit au climat de l’école». 

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Hausse des conflits

«On constate une recrudescence de la violence et une hausse des conflits entre les élèves. Il y a aussi des plaintes de parents, surtout lorsque les enfants reviennent à la maison avec des boîtes à lunch pleines» parce qu’aucune éducatrice n’a pu prendre le temps de s’assurer qu’ils avaient bien mangé, affirme-t-elle. 

Ce plan de contingence sera aussi «fort possiblement» mis en place à l’école du Jardin-des-Lacs, à Saint-Denis-de-Brompton, après la semaine de relâche, indique Donald Landry, secrétaire général du Centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke. Dans cette école, il manque parfois jusqu’à 11 éducatrices sur 15 pendant l’heure du dîner, selon le syndicat. 

M. Landry reconnaît que la conversion du service de garde en service de surveillance des dîneurs le midi entraîne «un niveau d’encadrement différent». «La direction nous dit que c’est quand même fonctionnel», assure-t-il. 

Bris de services

D’autres établissements touchés par la pénurie ont toutefois fait des choix différents.  

Dans deux écoles primaires de Saguenay, le service de garde n’est maintenant plus accessible aux élèves de cinquième et sixième année à cause du manque d’éducatrices. 

Des enseignants et des professionnels devaient venir prêter main-forte à l’équipe en place «sur une base régulière» et il devenait impossible de respecter le ratio d’une éducatrice pour 20 élèves, explique le Centre de services scolaire De La Jonquière, qui y voyait «un grand enjeu de sécurité». 

Dans ce centre de services, une formation a été offerte gratuitement aux élèves plus âgés du primaire dès la rentrée, afin qu’ils puissent rester seuls à la maison de façon sécuritaire dans l’espoir de diminuer le nombre d’inscriptions au service de garde. 

De son côté, Renée Bibeau craint que l’augmentation des ratios dans des écoles de l’Estrie ne mène à un cercle vicieux. «Ça va décourager des éducatrices qui pourraient quitter et le problème ne va qu’empirer», déplore-t-elle. 

La solution à long terme passe par l’amélioration des conditions de travail des éducatrices qui doivent souvent composer avec des horaires brisés, ajoute Mme Bibeau. 

Donald Landry affirme aussi qu’il faut «revoir le modèle qui existe depuis 25 ou 30 ans», puisqu’il est de plus en plus difficile de recruter des éducatrices avec des horaires à temps partiel. 

Dans certaines écoles, les éducatrices complètent leurs heures de travail en effectuant de la surveillance pendant les récréations et des tâches de secrétariat. «Dans un monde idéal, on aurait des gens beaucoup plus présents dans l’école pour aider à différentes tâches», dit-il. 

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