Pourquoi vénérer la «liberté» avec l’euthanasie?
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Le Québec est champion mondial pour l’euthanasie. Mais ce record semble insuffisant. Une nouvelle loi visant à élargir l’accès à l’aide médicale à mourir a été déposée à l’Assemblée nationale. L’accès à l’injection létale serait, dit-on, une question de «liberté» et de «dignité».
N’est-il pas amusant de constater que le terme «liberté», tant honni jusqu’à tout récemment, soit soudainement vénéré quand il s’agit d’euthanasie? Ne nous laissons donc pas berner par le choix des mots.
Implosion
Avec 23 lits pour 500 000 habitants, contre 54 au Royaume-Uni, les soins palliatifs sont le parent pauvre d’un système de santé en décrépitude. Concrètement, cela signifie que les vrais soins de fin de vie, c’est-à-dire ceux qui apaisent la douleur, sont peu accessibles.
Sommes-nous donc réellement «libres» de choisir la mort lorsque des alternatives plus humaines sont absentes, ou s’impose-t-elle par défaut? D’ailleurs, qui songerait réellement à mourir si une fin sereine était permise?
De plus, associer l’euthanasie à la «dignité» est profondément troublant. Cela sous-entend que la dignité humaine est conditionnelle au type de mort envisagée, et qu’une mort naturelle serait indigne. Pareille logique procède nécessairement d’un assèchement du principe d’humanité. Car si la maladie cause angoisses et souffrances, elle ne dépouille personne de sa dignité. C’est plutôt la manière dont on traite le malade qui peut constituer une atteinte à sa dignité.
Économies
Sachant que les derniers mois de la vie sont ceux qui coûtent le plus cher au système de santé, comment ne pas voir dans cet empressement à élargir l’euthanasie non pas une volonté d’apaiser la douleur, mais un subterfuge pour réaliser des économies et alléger la pression sur les finances publiques?
Tout bien considéré, hâter la mort faute de moyens financiers n’est pas un signe de progrès, mais de décivilisation et de déshumanisation. Le Québec a eu sa Révolution tranquille. Il a maintenant la Paupérisation tranquille.