Violence au travail: les femmes sont les principales victimes d'un phénomène en hausse
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Le nombre de blessures et de maladies causées par la violence au travail a bondi de plus de 25% entre 2018 et 2021, et dans la majorité des cas, ce sont les femmes qui en sont victimes.
C’est ce qu’indiquent les plus récentes statistiques sur la violence, le stress et le harcèlement en milieu de travail de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
On y note une augmentation considérable du nombre de blessures physiques et psychologiques causées par des coups, des coups de pied et des volées de coups, mais aussi par des bousculades, des pincements et des coups d’ongles, en particulier à l’endroit du personnel de la santé (48,3%) et des enseignants (29,5%).
Selon le rapport obtenu par l'Agence QMI, ce sont les femmes qui sont les principales victimes de ces actes violents au travail. Alors qu’elles ne représentent qu’un peu plus du tiers des travailleurs couverts, les femmes de 54 ans et moins «ont subi 68,1% des lésions de violence physique et 55,7% des lésions de violence psychique».
Le stress continue lui aussi à faire des ravages, alors qu’il a causé une augmentation de 9% des blessures et des maladies liées au travail pendant la même période.
Seul signe encourageant dans ce triste tableau, les indicateurs sont à la baisse quant au harcèlement psychologique et sexuel.
- Écoutez l'entrevue de Benoît Dutrizac avec Céline Morellon, directrice générale de Leaders de valeur groupe conseils inc. et experte en ressources humaines, sur QUB radio:
Tendance
Pourquoi la violence et le stress sont-ils de plus en plus présents dans les milieux de travail au Québec? «C’est multifactoriel», a expliqué le ministre du Travail, Jean Boulet, qui admet avoir du mal à mettre le doigt sur les causes précises expliquant ces hausses. «La pandémie et la pénurie de main-d’œuvre ont certainement joué un rôle», a-t-il avancé.
Néanmoins, le ministre n’est pas surpris par le portrait que présentent les statistiques de la CNESST. Déjà, à son entrée en poste en 2018, il était conscient qu’il y avait une tendance en ce sens.
«J’avais observé, avant d’amorcer ma réforme de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, des augmentations graduelles des lésions. De 2009 à 2018, il y avait déjà eu une augmentation», a-t-il confié, en entrevue avec l’Agence QMI.
Pour le ministre, le rapport de la CNESST est une preuve supplémentaire de la pertinence et de la nécessité de sa réforme, en vigueur depuis octobre 2021. «Ça démontre qu’il fallait agir», s’est-il félicité.
Il se dit par ailleurs persuadé que sa réforme fera en sorte de diminuer le nombre de blessures liées à la violence au travail. «Je suis convaincu qu’on va améliorer le bilan lésionnel [...], entre autres parce que l’intégrité psychique des travailleurs est maintenant protégée par la loi.»
- Écoutez l'éditorial de Yasmine Abdelfadel tous les jours, 13h30, sur QUB radio :
Des chiffres inquiétants
Il y a eu 3603 blessures et maladies attribuables à la violence au travail en 2021.
C’est une hausse de 25,7% par rapport à 2018.
Pour la violence physique, cette augmentation est de 35,9% pour la même période. Elle est de 8,2% pour la violence psychologique.
Blessures au travail (2021)
- Entorses, foulures, déchirures: 1019
- Ecchymoses et contusions: 470
- Commotions: 323
- Chocs nerveux: 392
- Troubles d’adaptation: 337
- Anxiété, troubles névrotiques: 102
Les victimes
- Personnel de la santé: 1508
- Enseignants: 911
- Personnel dans les services: 479
Des gestes brutaux
- Coups, coups de pied et volées de coups: 1485 (54,6%)
- Bousculades, pincements, coups d’ongles, torsions: 714 (26,3%)
- Voies de fait: 232 (8,5%)
- Morsures: 137 (5%)
Des comportements inappropriés
- Harcèlement: 246 (27,9%)
- Coups, coups de pied et volées de coups (24,2%)
- Menaces: 162 (18,3%)
- Agressions sexuelles: 64 (7,2%)
- Harcèlement sexuel: 48 (5,4%)
Source: CNESST