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Éducation: Drainville et la bullshit des grands enfants

Éducation: Drainville et la bullshit des grands enfants
Photo courtoisie Émilie Nadeau

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«Je souhaite que le plus vite possible, tous les parents aient accès à une maternelle 4 ans. Maintenant, comme je le dis souvent à mon épouse, à l’impossible, nul n’est tenu.» - François Legault

Ce à quoi aurait répondu Jacques Prévert: «Il suivait son idée. C’était une idée fixe et il était surpris de ne pas avancer.»

La bullshit

Ainsi, après quelques mois de déni, le ministre de l’Éducation a fini par dire qu’il préférait donner l’heure juste sur les maternelles 4 ans plutôt que de bullshiter

En français, ça signifie d’arrêter de dire des conneries. 

Après cinq ans, c’est le temps.

Lors d’une conférence de presse, au lendemain de son élection de 2018, François Legault avait déjà assoupli sa position sur sa promesse de la maternelle 4 ans. Une promesse alors irréalisable pour deux raisons: il n’y avait pas assez de places dans nos écoles et le système souffrait d’un manque de personnel qualifié.

À l’époque, ce premier recul semblait nous permettre de souffler un peu, car cette mesure était loin de faire l’unanimité auprès des experts. Avant de se lancer la tête la première, plusieurs suggéraient de prendre le temps de réfléchir un brin.

D’ailleurs, je n’ai jamais compris la fixation du gouvernement sur le nombre de classes à ouvrir. Un discours axé uniquement sur la quantité plutôt que sur la qualité. 

En parlant du nombre d’immigrants accueillis au Québec, le premier ministre disait vouloir en prendre moins, mais en prendre soin. Une formule parfaite pour son projet de maternelle 4 ans (à lire ici).

On ne met pas en place des maternelles 4 ans parce que ça correspond à la saveur du jour, mais parce qu’on s’attend que celles-ci produisent un certain nombre d’effets observables.  

Diviser pour mieux régner

Parlant de maternelle, les grands enfants se sont chicanés la semaine passée.

En pleine négociation de la convention collective, François Legault a ouvert le bal en utilisant les réseaux sociaux afin de s’adresser aux syndicats:

«Si les dirigeants syndicaux acceptaient de changer d’attitude, de sortir de leur logique de fermeture et venaient discuter avec nous pour changer les choses, ça irait plus vite. Ce serait mieux pour les Québécois et ce serait mieux pour les infirmières et les enseignants».

Ah? Les syndicats sont fermés? Quelle surprise... 

Le problème, c’est qu’on pourrait dire exactement la même chose du patronat.

Quand le premier ministre invite gentiment les syndicats à venir discuter pour changer les choses, il les invite en fait à participer à ses forums de discussions, en parallèle de la négociation. On peut reprocher bien des choses aux syndicats, mais on ne peut certainement pas leur reprocher d’être méfiants quant à cette initiative.

En ce qui me concerne, j’ai juste le goût de poser une simple question à mon gouvernement: ça vous tentait pas de vous asseoir avant février 2023 pour trouver des solutions?

Mais je ne la poserais pas. 

Je vais encore me faire bullshiter.

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