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Fondatrice de Deuil-Jeunesse: une carrière à démystifier le deuil pour Josée Masson

Quebec
Photo Stevens Leblanc La carrière et les actions de Josée Masson ont maintes fois été récompensées au fil des années.

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Travailleuse sociale depuis 25 ans, Josée Masson a vite constaté le malaise de notre société face à la mort. Fondatrice de Deuil-Jeunesse, elle consacre sa carrière à l’intervention auprès de personnes qui ont perdu des proches, réparant tout plein de «maladresses d’amour». 

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La rencontre avec Josée Masson, dont le travail a été maintes fois reconnu au fil des ans, se déroule dans la maison de Charlesbourg où loge cet organisme de bienfaisance qu’elle a fondé en 2008. 

Dans la cour, un jardin a été aménagé à la mémoire des sœurs Norah et Romy Carpentier, dont l’histoire bouleverse encore tout le Québec.

Mme Masson a présidé leurs funérailles après une rencontre avec leur maman, Amélie Lemieux, dont elle demeure proche.

À l’intérieur, d’anciennes chambres «adoptées» par des familles endeuillées se succèdent, dont une en hommage à Karine Champagne, une des victimes de la tragédie de Lac-Mégantic.

Sur le mur se trouvent des dessins des petits qu’elle gardait, et des photos avec ses enfants. Ça prend au cœur. 

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Ici, explique la travailleuse sociale, on répare beaucoup de ce qu’elle appelle «des maladresses d’amour», quand, par exemple, on ment aux enfants pour les protéger, qu’on leur dit que maman est une étoile, ou que papa est au ciel. 

«C’est terrible comment la société ne comprend pas le deuil et est mal à l’aise face à ça», soupire cette mère de deux enfants, soulignant que parler de la mort ne la provoque pas. 

Elle a développé une approche spécialisée qui l’amène à présenter des conférences jusqu’en Europe, et elle déplore qu’on parle d’étapes dans le processus de deuil, qu’on pense encore qu’on fait son deuil, alors qu’on le vit, plutôt.

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Photo Stevens LeBlanc

«Tant de petits gestes ou paroles peuvent tout changer.»

Elle croit qu’on devrait intégrer l’éducation à la mort dans nos écoles et cesser d’en faire un sujet tabou.

«J’ai besoin qu’un jour on rassure la population sur le fait que la vie et la mort se côtoient. Nous sommes tous des mortels qui aimons des mortels.»

Véritable vocation 

Née à Thetford Mines, Josée Masson a grandi «dans une très grande famille avec beaucoup d’oncles et beaucoup de tantes».

Inspirée par la travailleuse sociale de son école, elle a su très tôt qu’elle ferait ce métier, et qu’elle travaillerait auprès des jeunes. 

Après le cégep, la jeune femme a donc pris la route de la grande ville pour étudier à l’Université Laval. «Québec, c’était la ville de mes rêves, celle où mon père nous emmenait voir les Nordiques et où les ponts m’impressionnaient tellement», souligne-t-elle.

Ses premiers contacts avec la mort, lors du décès de proches, lui ont fait réaliser à quel point il manquait cruellement de ressources d’aide en cas de deuil. Elle l’a réalisé encore plus en début de carrière, en CLSC.

«C’est là que ça m’a allumée, car j’ai vu que même les professionnels ne savaient pas quoi faire avec ça. Je me suis dit : il faut faire quelque chose pour les jeunes endeuillés.»

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Dans le cadre d’un projet de recherche, elle a constaté que bien des erreurs étaient faites de bonne foi.

«J’ai entendu des choses comme: les adultes nous prennent pour des cons, ou ils nous volent notre histoire. J’ai réalisé qu’on brisait les jeunes à force de vouloir les protéger.»

De cette initiative est né un groupe de soutien pour les enfants endeuillés en CLSC. Au retour de son premier congé de maternité, elle a appris que le groupe pourrait disparaître. Elle s’est alors lancée dans la pratique privée, ouvrant un centre de consultation. 

Puis la travailleuse sociale a signé un premier ouvrage intitulé Derrière mes larmes d’enfant, paru en 2006.

Il a été depuis réédité à quelques reprises, avec des ajouts de témoignages et tout un bagage d’expériences cliniques. 

Grande réflexion

Ces dernières années, Josée Masson a dû renoncer à agir comme intervenante pour se consacrer à ses fonctions de directrice générale chez Deuil-Jeunesse, qui croule sous les demandes. 

Comme bien des organismes communautaires, son «bébé» vit encore les contrecoups de la pandémie, qui a fait chuter ses revenus, alors que les subventions ne comptent que pour 10 %.

«On analyse les enjeux et on recherche des solutions afin d’en assurer la pérennité», souligne-t-elle. Car les besoins, clairement, sont plus grands que jamais.

Quelques distinctions

  • 2004 : Prix Simone-Paré de l’Université Laval 
  • 2007 : Prix hommage du Barreau du Québec
  • 2012 : Personnalité de l’année, Regroupement des jeunes chambres du Québec 
  • 2013 : Travailleuse sociale de l’année, régions Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches
  • 2018 : Certificat honorifique de l’Assemblée nationale du Québec, à l’occasion du 10e anniversaire de Deuil-Jeunesse. 
  • 2019 : Diplômée Coup de cœur de l’Université Laval
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