Feu vert à une grève générale illimitée à l’Université Laval

Les étudiants de l’Université Laval ne sont pas au bout de leur peine. Après deux semaines de débrayage, les professeurs se sont prononcés jeudi en faveur d’une grève générale illimitée puisque l’impasse persiste toujours dans leurs négociations avec la direction. 

Réunis en assemblée générale jeudi avant-midi, 859 membres du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL) ont appuyé à 94,5% ce nouveau moyen de pression, qui pourrait être déclenché après la semaine de lecture qui commence le 6 mars. 

Son président, Louis-Philippe Lampron, se réjouit de cet appui «spectaculaire».

Aucune «avancée suffisante» n’a pu être faite à la table de négociation depuis le déclenchement de la grève, ajoute-t-il.

De son côté, la rectrice Sophie D’Amours accueille cette décision avec «déception».

Un «blitz de négociation» se déroulera néanmoins durant toute la semaine prochaine et Mme D’Amours, se dit toujours «confiante» d’en arriver à une entente avant le 13 mars, ce qui permettrait d’éviter le prolongement de la grève.

Près de 40% des cours offerts en présence ou en ligne sont touchés par ce conflit de travail, a précisé la rectrice jeudi. 

Les professeurs seront par ailleurs de retour au travail pendant la semaine de lecture et pourront à nouveau communiquer avec leurs étudiants.

Le prolongement de la session au-delà du 30 avril n’est toujours pas envisagé pour l’instant, a indiqué la vice-rectrice aux études et affaires étudiantes, Cathia Bergeron.

La période habituellement réservée aux examens, du 24 au 30 avril, pourra toutefois être utilisée pour la reprise de cours ou d’autres activités manquées en raison de la grève qui s’est déroulée depuis deux semaines.

• Écoutez l'entrevue avec Debbie Corriveau, étudiante à l’Université Laval en communication publique et Louis-Philippe Lampron, président du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 23 via QUB radio :

Des étudiants stressés

Le spectre d’une grève générale illimitée vient faire augmenter d’un cran le niveau de stress parmi la population étudiante, indique Vickie Bourque, présidente de la CADEUL, qui représente les étudiants de premier cycle.

«On a vraiment hâte de voir combien de temps la grève va durer et quels vont être les impacts sur la session», dit-elle.

Le son de cloche est semblable à l’AELIÉS, qui représente les étudiants des cycles supérieurs. Cette association étudiante appuie néanmoins les professeurs dans leurs revendications. 

«On les supporte, parce que c’est très important ce qu’ils défendent et ça nous touche aussi», affirme sa présidente par intérim, Ghita Hemri.

Les revendications du SPUL comprennent des hausses salariales, mais aussi une réduction de la charge de travail des professeurs, la protection des professeurs précaires et leur participation dans les orientations de l’établissement.

Les hausses réclamées de 20% permettraient de combler la moitié de l’écart qui sépare leur rémunération de celles de leurs collègues des quinze grandes universités canadiennes, selon le SPUL.

De son côté, la direction rétorque qu’une telle augmentation est «impossible». Les négociations doivent se faire «dans le respect des capacités de payer de l’Université Laval», a affirmé la rectrice.

Le salaire moyen des professeurs de l’Université Laval s’élève à près de 134 400$. Depuis 2012, ces derniers ont bénéficié d’une hausse salariale moyenne de 2% par année, alors que les membres de la direction ont vu leur chèque de paye augmenter de 1,4% au cours de la même période, fait valoir l’établissement.

Le SPUL, qui compte 1300 membres, rétorque que les enjeux à la table de négociation sont loin de se limiter uniquement aux salaires.

La convention collective des professeurs est échue depuis le 1er décembre.