Le coroner enquêtera pour l’octogénaire morte dans l’indignité à Lévis
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Devant l’indignation causée par les circonstances «inhumaines» qui ont précédé la mort d’une octogénaire à l’Hôtel-Dieu-de-Lévis, le coroner ouvrira une enquête.
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Le bureau du coroner passera ainsi au peigne fin tous les évènements qui ont précédé la mort de Gilberte Gosselin, à l’urgence de l’Hôtel-Dieu-de-Lévis, le 23 février dernier.
La famille de la défunte, qui était âgée de 86 ans, déplore le «climat toxique» dépourvu d’intimité et de dignité dans lequel elle aura vécu ses deux derniers jours, dans les couloirs de l’urgence.
Au terme de son investigation, le coroner exposera notamment les causes qui ont mené à son décès. Des recommandations « visant à éviter des décès semblables » pourraient aussi être formulées, souligne le porte-parole du bureau du coroner, Jake Lamotta Granato.
La famille soulagée
Pour sa part, la famille de Mme Gosselin s’est dit satisfaite et soulagée de ce dénouement. «Ça vient confirmer que ce qu’on a vécu, ce qu’on a observé, ce n’était pas normal ni acceptable », dit la petite-fille de la défunte, Véronique Labonté.
Elle affirme également qu’elle déposera sous peu une plainte au Commissaire aux plaintes et à la qualité des services.
- Écoutez l'entrevue de Yasmine Abdelfadel avec Véronique Labonté, la petite-fille de Gilberte Gosselin sur QUB radio :
«Le pire endroit pour mourir»
Plusieurs voix se sont élevées jeudi, au lendemain du reportage du Journal, relatant la fin de vie de l’octogénaire, qui a notamment été laissée sans eau ni nourriture pendant près de 48 heures, en plus d’être restée de longues heures dans ses selles.
Selon le gériatre, le Dr David Lussier, l’urgence est ni plus ni moins « le pire endroit pour mourir» dans un hôpital.
«Il faut tout faire pour que personne ne meure à l’urgence, puisque l’endroit n’est pas équipé pour offrir des soins de fin de vie. Les gens [personnel de l’urgence] ont d’autres priorités que de donner les soins de fin de vie», dit-il.
Le gériatre a par ailleurs tenu à rappeler que le traitement qu’a reçu Mme Gosselin allait à l’encontre de la Loi concernant les soins de fin de vie.
En effet, selon l’article 12 de cette Loi, une personne qui reçoit des soins de fin de vie doit être dans une chambre «qu’elle est seule à occuper», peut-on lire.
Soins palliatifs mieux encadrés
Les soins palliatifs devraient d’ailleurs être mieux compris, enseignés et encadrés pour éviter de tels drames, estiment de leur côté la Société québécoise des médecins de soins palliatifs (SQMDSP) et la Coalition pour la dignité des aînés.
«C’est un problème profond, un problème de culture», déplore la présidente de la SQMDSP, la Dre Olivia Nguyen.
Selon elle, les soins palliatifs sont mal compris, notamment en milieu hospitalier. «Si on doit choisir entre une personne qui est en train de décéder et une personne qui a besoin d’antibiotiques ou de réanimation, normalement il n’y a pas de choix. Les deux personnes sont importantes », dit-elle.
«Avoir accès à des soins palliatifs de qualité est un droit, ce n’est pas un privilège», ajoute-t-elle.
Maltraitance
Une opinion partagée par la Coalition pour la dignité des aînés, qui n’hésite pas à qualifier le cas vécu par Mme Gosselin de «maltraitance organisationnelle».
«On doit investir davantage dans les soins pour les personnes aînées et les soins palliatifs en milieu hospitalier. C’est inhumain qu’une personne puisse mourir sans avoir la dignité à laquelle elle a droit », souligne la porte-parole Lise Lapointe.