Psycho: un monde de rêve(s)
N’écoutez pas ceux et celles qui prétendent ne jamais rêver dans leur sommeil: si certaines personnes ne parviennent pas à s’en souvenir, tout le monde rêve, toutes les nuits... et heureusement d’ailleurs!
Alors que nous dormons, des pensées, des histoires ou des images défilent dans notre esprit, et celles-ci sont tantôt tout à fait logiques, organisées... tantôt carrément insolites. Différents scénarios peuvent ainsi s’entrecroiser dans un même rêve, comme pour former un véritable cinéma intérieur, regorgeant de lieux, de dialogues, de perceptions et de sensations diverses. Cette projection mentale s’apparente parfois même à un film... même s’il est la plupart du temps décousu!
Désirs, moments heureux, expériences désagréables ou angoisses dont nous avons fait l’expérience avant un rêve, voilà autant d’éléments pouvant influencer non seulement le contenu, mais aussi la nature de nos rêves. D’ailleurs, ne vous demandez pas pourquoi les enfants sont plus sujets aux cauchemars : chaque jour peut être pour eux une nouvelle source de découvertes, de nouveaux défis ou questionnements et de tentative de compréhension du monde... et ainsi de stress qui se manifestera dans leurs rêves.
Pourquoi rêvons-nous?
Comment expliquer cette capacité que nous avons de rêver, et à quoi servent les rêves plus précisément? Voilà une grande question sans réponse définitive, car il nous reste encore beaucoup à découvrir dans ce domaine. Parmi les différentes hypothèses avancées, les rêves auraient plusieurs fonctions, pouvant notamment nous aider à solutionner des problèmes, donnant raison à l’adage selon lequel la nuit porte conseil. Les rêves pourraient également nous éclairer sur nos désirs, face à une décision particulièrement déchirante que l’on doit prendre, par exemple. Ceux-ci pourraient par ailleurs nous aider à maîtriser une situation anxiogène en nous y exposant lors de notre sommeil, comme pour mieux nous y habituer.
De plus, les rêves pourraient nous aider à gérer nos émotions, surtout lorsqu’elles sont très fortes. Tout ce qui se passe dans la journée peut éventuellement influencer nos rêves. Lors de moments difficiles, il peut donc arriver de rêver davantage, et de s’en souvenir de manière durable.
Que peuvent-ils nous dire?
Pertes de dents, chutes dans le vide, relations extraconjugales... Plusieurs d’entre nous sont également aussi habités par des scènes d’examens échoués, de courses effrénées en découvrant un retard lors d’une évaluation importante. Il s’agit de rêves répandus et souvent récurrents, renvoyant autant à nos angoisses qu’à nos désirs.
Au quotidien, nous tentons autant que possible d’être rationnels et tentons souvent de ne pas réfléchir à certains sujets délicats, en les balayant sous le tapis lorsque nous sommes éveillés. Or, cette faculté nous échappe dans nos rêves, et c’est justement ce laisser-aller ou ce manque de contrôle qui permettront aux émotions ou aux désirs inavoués de remonter à la surface lorsque nous rêvons. Or, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme: ceux-ci se frayeront un autre chemin, se manifestant «librement» durant notre sommeil.
Un mystère à percer
Pour les psychologues et les chercheurs, le rêve demeure un fascinant objet d’étude. Depuis longtemps, les chercheurs essaient tant bien que mal d’en percer les secrets, ce qui contribue sans doute encore davantage à leur pouvoir de fascination. Encore aujourd’hui, plusieurs mécanismes et composantes des rêves représentent un grand mystère au sein de la communauté scientifique.
Si on en connaît davantage sur les mécanismes physiologiques des rêves, on en connaît beaucoup moins sur leurs contenus. Les scientifiques s’entendent ainsi sur une chose : méfiez-vous des interprétations rapides et définitives, clés en main ou tirées de livres de psycho pop, car elles risquent fort de vous mener sur une fausse piste.
Un seul symbole ou rêve récurrent, peu importe sa forme, est propre à chacun: qu’il s’agisse d’un serpent, d’un avion, d’une école ou d’une rivière. Sigmund Freud, le père de la psychanalyse, avait d’ailleurs décrit le rêve comme la «voie royale qui mène à l’inconscient». Le rêve de l’un n’a de signification que pour la personne concernée et son interprétation ne peut donc être qu’hypothétique. C’est à la lumière du vécu de la personne, de ses émotions, de ses souvenirs, de ses traumatismes et de son quotidien que l’on peut tenter d’en comprendre sa portée et d’y greffer un sens.
J’aimerais enfin conclure cette chronique en citant Jacques Brel: «Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir, et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns».