Abraham Lincoln va au théâtre: la schizophrénie américaine au TNM
Coup d'oeil sur cet article
En relisant sa pièce Abraham Lincoln va au théâtre, l’écrivain Larry Tremblay a constaté qu’il avait des talents de devin.
«Elle est encore plus actuelle avec ce qui se passe aux États-Unis, note le dramaturge en entrevue téléphonique à propos de cette œuvre montée pour la première fois en 2008 et qui est reprise en mars au TNM. Elle colle plus à l’actualité, car les fractures se sont agrandies, surtout depuis l’arrivée de Donald Trump.»
«À l’époque, je me disais que j’écrivais une pièce sur la schizophrénie de l’Amérique et pour m’aider, je mettais en opposition le républicain et le démocrate, le noir et le blanc, le pauvre et le riche, etc. Ces oppositions sont encore plus exacerbées depuis 10 ans.»
Le créateur de L’orangeraie et de The Dragonfly of Chicoutimi souligne qu’une nouvelle donne s’est ajoutée au sud de la frontière, soit l’avènement de la «post-vérité» où le vrai et le faux n’existent plus.
«La vérité n’a plus d’importance et une réalité alternative prend le dessus, mentionne l’auteur. Cette pièce va résonner dans cette ère de mésinformation et de propagande.»
Laurel et Hardy
Ce spectacle raconte l’histoire d’un metteur en scène qui s’inspire de l’assassinat d’Abraham Lincoln afin de montrer les dichotomies aux États-Unis. Il embauche deux comédiens en leur demandant d’interpréter ce drame historique en campant les personnages désopilants de Laurel et Hardy.
Cette idée d’associer un président au duo humoristique le plus célèbre du monde est venue de la volonté de mélanger le comique et le tragique.
«La création fonctionne lorsqu’elle nous surprend nous-mêmes, les auteurs, explique Larry Tremblay. Au théâtre, on fait du sens avec du non-sens. C’est la beauté de la théâtralité.»
Luc Bourgeois se glisse dans la peau de Laurel, tandis que Mani Soleymanlou sera Hardy. Ils auront comme vis-à-vis Bruno Marcil suivi de Didier Lucien.
Cette production est mise en scène par Catherine Vidal.
«Elle est très dynamique, remarque celui qui écrit aussi des livres pour enfants. Elle n’est pas angoissée et elle n’angoisse pas l’auteur. Elle est stimulante et stimulée. Elle réussit à rassembler des équipes joyeuses. Je suis jaloux de ne pas être là.»
Le texte n’a pas été modifié par rapport aux versions antérieures.
«Les théories du complot prenaient beaucoup moins de place à l’époque dans nos sociétés, mentionne Larry Tremblay. Il n’y avait pas la folie de réseaux sociaux pour les propager. Si j’avais écrit la pièce aujourd’hui, j’en aurais certainement parlé.»
♦ Abraham Lincoln va au théâtre est présentée du 14 mars au 8 avril au TNM.