La pandémie de COVID-19 n’a eu qu’un effet limité sur la santé mentale de la population, selon une étude
Contrairement à une croyance populaire, la pandémie de COVID-19 n’a eu qu’un effet limité sur la santé mentale de la population, selon une étude qui serait «la plus complète au monde», dévoilée mercredi par l’Université McGill.
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L’équipe, montréalaise et ontarienne, a examiné les résultats de 137 études différentes conduites sur 134 cohortes de personnes dans de nombreuses régions du monde.
L’objectif était de comparer la présence de symptômes de santé mentale avant et après l’arrivée de la COVID-19, principalement durant les premiers mois de la crise sanitaire.
Pour la plupart des indicateurs étudiés, le changement estimé s’avère « près de zéro » et « non statistiquement significatif ». Même les changements qui sont significatifs ne le sont qu’à un faible degré.
- Écoutez la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier réagir aux résultats de cette étude en entrevue avec Philippe-Vincent Foisy via QUB radio :
Plus marqué chez les femmes
Dans la population générale, aucun impact négatif n’a été remarqué concernant la santé mentale générale ou l’anxiété. Cependant, les symptômes de dépression se sont légèrement aggravés, indique l’article publié dans la revue médicale britannique BMJ.
« Il s’agit de loin de l’étude la plus complète au monde sur la santé mentale dans le cadre de la COVID-19, et elle montre qu’en général, les gens ont été beaucoup plus résilients que beaucoup ne l’ont supposé », déclare dans un communiqué Ying Sun, première auteure de l’article et coordinatrice de recherche à l’Institut Lady Davis.
Certains sous-groupes ont connu une dégradation de leur état, mais dans des proportions jugées « minimes à faibles ». Chez les femmes, tous les indicateurs se sont détériorés, ce qui est « préoccupant », écrivent les chercheurs.
Surreprésentées parmi les travailleurs de la santé et plus susceptibles d’avoir des responsabilités familiales, les femmes ont subi un « effet disproportionné de la pandémie » et certaines ont connu « une aggravation importante des symptômes ». Il y a également eu une augmentation des violences domestiques à leur égard, rappelle l’étude.
Pas de « tsunami »
Les auteurs concluent qu’il n’y a pas eu de « tsunami » de problèmes de santé mentale dans la population, comme ont pu le laisser entendre, selon eux, certaines études incomplètes ou certains discours dans les médias.
Le portait est en réalité plus « nuancé » même si « la pandémie a affecté la vie de nombreuses personnes et [que] certaines éprouvent maintenant des difficultés de santé mentale pour la première fois », peut-on lire.
Cela pourrait s’expliquer par la capacité d’adaptation des individus et les efforts des gouvernements dans la prévention, qui doivent se poursuivent, selon l’étude.
Ces constats s’ajoutent à d’autres enquêtes dans plusieurs pays et territoires, dont le Québec, qui ont démontré que le déclenchement de la pandémie n’a pas eu d’impact mesurable sur le taux de suicide.
Faits saillants de l’étude
- Dans la population générale, aucun changement n’a été constaté dans les symptômes de santé mentale générale ou d’anxiété, mais les symptômes de dépression ont « légèrement » augmenté
- Les trois indicateurs de santé mentale étudiés se sont dégradés à une échelle « petite », mais « significative » chez les femmes, ce qui est « préoccupant »
- Une aggravation « minime à faible » des symptômes de dépression a été identifiée pour les adultes plus âgés, les étudiants universitaires et les personnes s’identifiant à une minorité sexuelle ou de genre
- La santé mentale des parents aurait également été affectée, selon un échantillon plus petit
*Source : Université McGill et article scientifique dans la revue BMJ. L’étude est basée sur l’analyse de 137 recherches antérieures réalisées dans le monde, la plupart provenant de pays à revenu élevé ou intermédiaire. Environ 75 % des participants étaient des adultes et 25 % des enfants ou des adolescents.