Le ministre Éric Caire rejette la faute sur la SAAQ
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Éric Caire plaide que son ministère de la Cybersécurité et du Numérique n’a rien à voir avec les déboires de la SAAQ. Il estime même qu’il aurait dû recevoir des éloges pour sa partie du projet.
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«C’est un projet de la SAAQ, conçu par la SAAQ, géré par la SAAQ, donc c’est à eux à expliquer ce qui se passe et ce qu’ils vont faire pour régler la situation», a-t-il déclaré mercredi en entrevue à TVA Nouvelles.
Le ministre considère qu’il ne peut avoir quoi que ce soit à se reprocher dans ce dossier, puisque son ministère n’existait pas lors de l’autorisation de la création de la plateforme SAAQclic, en 2018.
«Le ministère de la Cybersécurité est arrivé le 1er janvier 2022, a-t-il souligné. Donc ça faisait déjà 4 ans que ça roulait, le projet CASA, quand nous on est arrivé.»
Rappelons que si le ministère de la Cybersécurité et du Numérique vient bel et bien de souffler sa première bougie, Éric Caire était ministre délégué à la transformation numérique de 2018 à 2022.
Après avoir mis en place son ministère en début d’année, puis avoir traversé une campagne électorale, Éric Caire aurait finalement communiqué avec la SAAQ il y a quelques mois, et on lui aurait alors assuré que tout allait bien.
«À l’automne, j’ai fait des demandes pour avoir des informations, et les indicateurs qu’on nous montrait étaient au vert. Donc je suis extrêmement surpris de la situation», a-t-il affirmé.
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Tout est beau sous le soleil
Par ailleurs, le ministre soutient qu’il est important de distinguer le projet SAAQclic, relevant de la SAAQ, et le service d’authentification gouvernementale (SAG), utilisé par la SAAQ et qui constituera la «porte d’entrée» d'autres services numériques du gouvernement.
«Je tiens à dire qu’au niveau du SAG, il n’y en a pas de problème. Ce qu’on constate, c’est que les gens qui ne l’utilisent pas disent que c’est compliqué, mais que les gens qui l’utilisent disent: “finalement, ce n’est pas si compliqué, ça se fait bien, ça se fait vite”», a-t-il dit.
«Dans les faits, on aurait dû recevoir des éloges pour ce projet-là, mais ce n’est pas ce qui est arrivé visiblement», a-t-il ajouté.
C’est que malgré le nombre considérable de comptes qui ont été ouverts, il n’y a pas encore eu d’accidents de sécurité à ce jour. «Et ce n’est probablement pas parce qu’il n’y a pas de gens qui ont essayé», a-t-il dit.
Les problèmes de la SAAQ s’expliqueraient par la fermeture de trois semaines en février, croit le ministre, car celle-ci a «créé une pile de dossiers en retard». À cela s’ajoute «un certain nombre de bogues à gérer». «L’accumulation de tout ça fait en sorte qu’on a la situation qu’on a», a-t-il expliqué.
Support
Le rôle du ministère de la Cybersécurité dans ce dossier se limite, selon Éric Caire, à apporter du «support» à la société d’État. «On peut les aider, on peut leur offrir des ressources et des solutions, mais ça reste un projet qui est porté par la SAAQ», a-t-il observé.
Alors que la transformation numérique est appelée à s’étendre à d’autres services gouvernementaux dans les prochains mois, le ministre tire des leçons des dernières semaines.
«Il faut qu’on comprenne que maintenant, les projets en informatique, on ne fait plus de projet mammouth», a-t-il exprimé.
Le service d’authentification gouvernemental est à son avis un «premier bloc» dans l’édifice de la transformation numérique.
«D’autres blocs vont arriver, a rappelé M. Caire. Le portefeuille numérique, la communication sécurisée, le changement d’adresse, etc. On a divisé le projet en plusieurs blocs, on livre un premier bloc, on s’assure que ça va bien, et après ça on construit sur des bases solides.»
Responsabilité
Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, s’est indigné de la sortie d’Éric Caire dans un message publié sur Twitter.
«Ce matin, Geneviève Guilbault disait que le déploiement informatique à la SAAQ relève d’Éric Caire. À LCN, ce dernier s’en lave les mains et il jette maintenant le blâme sur les fonctionnaires. M. Legault, y a-t-il quelqu’un de responsable dans votre gouvernement ?» a-t-il écrit.
Le député péquiste Joël Arseneau estime pour sa part qu’il est «irresponsable» et «gênant» de voir M. Caire jeter tout le blâme sur la SAAQ.
«N’est-il pas le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, responsable de la transition numérique annoncée de tout l’appareil gouvernemental?», s’est-il interrogé dans une déclaration écrite à l’Agence QMI.
«Le nouveau service gouvernemental d’authentification, qui embête des milliers de clients de la SAAQ, c’est le sien. Le fiasco, c’est aussi le sien», a ajouté M. Arseneau.