Budget d’un Québec souverain: le Parti Québécois en mode attente
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Il faudra attendre encore un certain temps avant de voir le portrait des finances d’un Québec souverain que prépare le Parti Québécois: les péquistes attendront le dépôt des budgets à Québec et à Ottawa pour faire leur mise à jour.
C’est ce qu’annoncera Paul St-Pierre Plamondon devant les membres de son parti qui seront réunis en congrès ce samedi. Selon nos informations, la date à laquelle sera présenté le fameux document n’a pas encore été déterminée, et aucun échéancier ne devrait être mis de l’avant en fin de semaine.
Le parti assure qu’il a commencé à travailler l’année dernière sur son «budget de l’an 1» d’un Québec indépendant, et qu’il ne s’agit maintenant que d’actualiser ce travail avec les données économiques les plus fraîches possible.
«Ça ne serait pas très brillant de le mettre à jour avant d’avoir les chiffres les plus récents du gouvernement», a expliqué une attachée de presse du PQ.
Pendant la campagne électorale, M. St-Pierre Plamondon avait affirmé dans une entrevue au Devoir que ce budget serait dévoilé avant le premier débat. Quelques jours plus tard, il avait dû reculer, prétextant que les données avaient «substantiellement évolué» en raison du contexte inflationniste.
Puis, en février dernier, il a révélé que le parti travaille sur deux scénarios: un exercice pro forma, qui suppose que le Québec indépendant ferait exactement les mêmes choix que les gouvernements fédéral et québécois, et un autre exercice présentant les finances d’un Québec souverain gouverné selon les priorités du PQ.
Crédibilité
Les péquistes ont raison de faire preuve de prudence dans la réalisation de ce budget, car sa crédibilité est en jeu, selon le politologue Félix Mathieu. «Leur défi, c’est vraiment de présenter un document qui tient la route, a-t-il souligné. Ils ne veulent surtout pas être déboulonnés sur le coup par deux, trois experts.»
Or, il s’agit là d’un défi d’envergure, et non d’une simple opération d’additions et de soustractions, a mentionné le spécialiste de fiscalité canadienne Olivier Jacques. «Ce n’est pas seulement une affaire de péréquation», a-t-il dit.
«Il faut considérer les impôts, les services et les transferts que le Québec reçoit du fédéral, la part d’investissement de Québec et d’Ottawa dans les infrastructures ainsi que les emprunts et les obligations futures de chacun des gouvernements. Ce ne sont pas des calculs faciles à faire», a renchéri Olivier Jacques.
Néanmoins, même s’il ne dispose pas de beaucoup de ressources humaines et matérielles, ce budget pourrait être mis à jour rapidement si tant est que «le travail de fond a déjà été fait», a ajouté le spécialiste, qui croit que «les budgets canadiens et québécois ne devraient pas trop changer la donne».
Sauf que s’il ne finit pas par présenter ce document qu’il promet depuis près d’un an, le parti risque de se décrédibiliser et de «perdre l’intérêt de la population», a indiqué Félix Mathieu.
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ÉTUDES SUR LES FINANCES D’UN QUÉBEC SOUVERAIN
La commission Bélanger-Campeau (1991)
Cette étude menée à l’initiative de Robert Bourassa dans la foulée de l’échec de l’accord du lac Meech concluait que, «quels que soient les scénarios de partage des bilans de succession utilisés, le ratio dette-PIB du Québec serait comparable à celui de la plupart des pays industrialisés de même taille».
Secrétariat à la restructuration (1994)
Cette étude visait à se préparer à l’éventualité de la souveraineté du Québec. Cette étude conclut que les gains d’efficacité découlant de l’élimination des chevauchements des deux paliers de gouvernement prendraient trois ans à se matérialiser.
Finances d’un Québec souverain (2005)
Menée par François Legault alors qu’il était député péquiste, cette étude arrive à la conclusion que le Québec indépendant enregistrerait des surplus budgétaires, tandis que le Québec comme province aurait à vivre avec des déficits.
Finances d’un Québec indépendant (2016)
Le chercheur indépendant Maxime Duchesne observait que le Québec aurait enregistré un déficit important en 2015-2016, mais qui aurait pu être atténué par des ajustements à la politique fiscale. Il concluait également que le ratio dette brute-PIB du Québec s’élevait à 96% en 2014, ce qui est moins élevé que la moyenne des pays de l’OCDE (112%) pour cette même année.