Hommage à sœur Claire Gagnon, visionnaire et instigatrice de la nouvelle vocation du monastère des Augustines
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Sœur Claire Gagnon vient de décéder à l’âge de 96 ans. On me dira que c’est normal, je sais. Née à Saint-Urbain en 1927, elle a été la secrétaire de la Caisse populaire locale de son village avant d’entreprendre sa vie religieuse, qui a duré plus de 68 ans.
Quand les deux tiers du village brûlent en 1952, c’est sur ses épaules que reposent la sécurité des comptes, les paiements à effectuer et les diverses allocations. Elle a 26 ans et le village, ou du moins ce qui en reste, compte sur elle.
Par la suite, elle entre au monastère des Augustines de l’Hôtel-Dieu et elle y reste jusqu’à son décès.
Redonner vie au monastère
C’est sous son impulsion que le chapitre des Augustines commence à documenter son patrimoine pour savoir ce qu’il en adviendra. Elle est alors la supérieure générale et possède une vision quant au devenir de l’ordre. C’était en 1995 ; elle était bien avant son temps.

En 2000, mon collègue, Robert Caron, et moi avons accompagné sœur Claire Gagnon à une rencontre avec des actuaires, rencontre qui m’a fortement impressionné. Ceux-ci, sans aucun état d’âme, ont dit aux Augustines : « Mes sœurs, dans 25 ans, vous n’existerez plus. » Sœur Claire Gagnon s’est alors tournée vers mon collègue et moi et a dit : « Maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? »
C’est ainsi que commencèrent les inventaires patrimoniaux, les études de faisabilité et les relevés des bâtiments. Ces travaux aboutirent au plus grand classement d’objets que le ministère de la Culture et des Communications ait jamais produit. C’est aussi le début du projet du monastère des Augustines tel qu’on le retrouve aujourd’hui.
Il a été décidé de trouver une fonction au monastère qui soit en lien avec la mission des Augustines. Elles avaient toujours soigné le Québec – depuis la Nouvelle-France ! – et elles décidèrent de continuer en en soignant l’âme et le corps.
Préserver les générations futures
Sœur Claire Gagnon avait une vision et elle nous a aidés à la porter et à la développer. C’était une femme d’une grande sagesse.
Au monastère, on disait d’elle qu’elle faisait tout sans bruit, mais efficacement.
Quand je pense à elle, je pense aussi à toutes ces personnes qui ont fait le Québec, qui l’ont construit, bâti, elles aussi sans bruit, mais efficacement. C’est à eux et à elles que nous devons ce que nous sommes.
Depuis plus de 375 ans, les Augustines sont les gardiennes d’un patrimoine insoupçonné, conservé au centre d’archives et à la réserve muséale. Le monastère est aujourd’hui un lieu de mémoire unique ainsi qu’un pôle de recherche exceptionnel pour découvrir l’histoire des Augustines et celle de la société québécoise : archives.monastere.ca/