Grève générale illimitée à l’Université Laval : la pression monte
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À l’Université Laval, le niveau de stress des étudiants a monté d’un cran lundi avec le déclenchement d’une grève générale illimitée alors que le dialogue de sourds se poursuit entre la direction et le syndicat qui représente les professeurs.
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«La tension vient de monter d’un cran», a lancé Louis-Philippe Lampron, président du Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL), en marge d’une manifestation qui a réuni quelques centaines de personnes sur le campus lundi en avant-midi.
Dans les rangs des étudiants, les inquiétudes sont grandes. Les deux parties semblent toujours aux antipodes malgré le «blitz de négociations» qui s’est déroulé la semaine dernière.
Une proposition de règlement a été déposée dimanche par la direction, à laquelle le Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL) comptait répondre par une contre-offre lundi après-midi.
Des avancées ont été faites sur certains enjeux, mais les discussions achoppent toujours sur les questions salariales, reconnaissent les deux parties.
Guerre de chiffres
Le syndicat et la direction se sont d’ailleurs livrés à une véritable guerre de chiffres à ce sujet lundi.
En point de presse, la direction de l’Université Laval a affirmé que le SPUL réclame des augmentations de salaire de près de 30% sur quatre ans, ce que réfute le syndicat.
L’Université Laval estime de manière «conservatrice» que les demandes des professeurs – qui comprennent l’embauche de 100 collègues supplémentaires - représentent une somme se situant entre 60 et 70 millions $, alors que le syndicat parle d’un montant deux fois moins élevé.
Le SPUL considère que l’établissement a les moyens d’alléger la charge de travail de ses professeurs, en raison des surplus budgétaires générés au fil des ans. La direction rétorque toutefois que ces demandes dépassent de loin «la capacité de payer» de l’Université puisque le syndicat fait une mauvaise interprétation des surplus disponibles.
Les deux parties s’accusent mutuellement de rester campées sur leur position.
«Les demandes salariales du syndicat n'ont pas bougé depuis septembre dernier, même après qu'on ait fait des offres», a affirmé le vice-recteur aux ressources humaines et aux finances, André Darveau.
«J’espère sincèrement que c’était le dernier coup de bluff de l’Université et qu’il va y avoir un réel blitz de négociations», a rétorqué Louis-Philippe Lampron, qui représente 1300 professeurs.
Le déclenchement d’une grève générale illimitée est un «choix déplorable qui est lourd de conséquences pour nos étudiants», a de son côté affirmé Cathia Bergeron, vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes.
«Chaque jour de grève compte et rend plus difficile la reprise» de cours et d’examens d’ici au 30 avril, a-t-elle précisé.
Il s’agit d’une troisième semaine de grève qui s’amorce pour les professeurs de l’Université Laval, qui ont exercé deux semaines de débrayage en février, avant la période de lecture.
Environ 40% des cours offerts cette session-ci à l’Université Laval sont touchés par cette grève.
«Ils prennent les étudiants en otage»
Plusieurs étudiants rencontrés sur le campus hier déplorent l’incertitude que fait planer la grève sur leur session et attendent avec impatience le dénouement du conflit.
«J’espère que ça va se régler le plus rapidement possible. Je trouvais que la grève de deux semaines était une idée intéressante, mais là, déclencher une grève générale illimitée, c’est comme prendre les étudiants en otage», lance Tristan Sylvain, un étudiant au baccalauréat en histoire.
«Je suis un peu bouleversée», a laissé tomber une étudiante étrangère en génie, qui a toutefois refusée de s’identifier. Le spectre d’une session prolongée représenterait une bien mauvaise nouvelle pour cette étudiante qui a déjà réservé son billet d’avion pour rentrer à la maison cet été.
Des étudiants dans le néant
L’impact pour certains est considérable. Deux étudiantes en travail social rencontrées par Le Journal lundi n’ont aucun cours présentement. «On ne sait pas ce qui va arriver après et ce qui est possible comme avenue», lance Camille qui craint que des cours soient carrément annulés.
Plusieurs ont d’ailleurs déploré être «dans le néant» concernant la suite des choses. «C’est surtout l’incertitude qui est tannante. On ne sait pas ce qui va arriver», a affirmé Ève, une étudiante en enseignement.
La direction considère plutôt avoir transmis aux étudiantes toute l’information dont elle dispose présentement. Il est toutefois encore trop tôt pour savoir si la session sera prolongée au-delà du 30 avril, ce qui représenterait une solution «de dernier recours».
Le scénario final pourrait être à géométrie variable, puisque la réalité de chacun des cours sera prise en compte, a indiqué Cathia Bergeron, vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes.
Pas de cours annulé
L’Université Laval ne prévoit toutefois pas annuler des cours qui auront été affectés par la grève. La dernière semaine de la session, qui est habituellement réservée aux examens, pourra être consacrée à des activités de reprise.
Une vingtaine d’associations étudiantes appuient les revendications des professeurs.