Il faut détester perdre et la reconstruction ne doit surtout pas servir d’excuse
Théodore

Enfin, le Canadien en a gagné une, mardi contre les Penguins. Il était temps, mais ça ne change rien à mes inquiétudes. C’est bien beau la reconstruction, mais je crois qu’on ne déteste pas assez la défaite dans le camp du Tricolore.
J’en ai déjà parlé il y a quelques semaines et on a vu le même phénomène se répéter dans la récente séquence de sept défaites. Qu’est-ce qu’on entend après ces revers à répétition. «On a bien joué... On a fourni un bel effort... C’est encourageant... etc.»
Je reconnais que c’est important de garder une attitude positive dans une saison éprouvante, mais on accepte un peu trop facilement la défaite à mon goût et c’est malsain. La triste performance contre l’Avalanche du Colorado fut la goutte qui a fait déborder le vase quant à moi.
Jouer contre les champions de la coupe Stanley est un beau défi, mais pourtant, après huit minutes de jeu, c’était déjà 3-0 pour la bande à Nathan MacKinnon et ça filait à grande allure sur l’autoroute menant au filet de Jake Allen.
Je disais la semaine dernière que la reconstruction serait longue et on a eu un autre indice dans ce match. Si « on joue bien » et qu’on perd sept matchs d’affilée, ça fait peur pour l’avenir.
On se rend compte que nous ne sommes pas dans la même ligue que l’Avalanche et la reconstruction ne doit surtout pas servir d’excuse. Il faut haïr perdre, point à la ligne. Il faut être capable de se regarder dans le miroir après un match et se dire qu’on a donné notre maximum. Qui pouvait se dire ça lundi soir?
Les gardiens paient le prix
Les gardiens du Canadien ont payé le prix pour cette contre-performance et ce n’était pas la première fois, mais soyons honnête. Est-ce que Samuel Montembeault, ou Cayden Primeau, sera un gardien élite le jour où le Canadien deviendra une véritable menace dans la LNH?
On sait que Allen ne sera probablement plus dans le décor à ce moment. Montembeault a progressé et il a bien fait dans la victoire contre les Penguins, mardi, mais pourra-t-il s’améliorer à chaque saison? Il va atteindre un pic à un moment donné et peut-être y est-il déjà. Quant à Primeau, il n’est pas encore un gardien étoile dans la Ligue américaine. Espérer qu’il le sera dans LNH, un jour est un scénario très optimiste.
Ne pas imiter les Oilers et des Leafs
Rêvons un peu et disons que dans deux ou trois ans, le CH se retrouve avec un alignement comparable aux Maple Leafs ou aux Oilers, peut-être même avec Connor Bedard dans ses rangs. Qui sait? Est-ce qu’on sera en mesure gagner avec Montembeault ou Primeau comme numéro un?
J’en doute et il ne faudrait surtout pas imiter les Oilers et les Leafs qui n’ont jamais priorisé la défense du filet. Ces deux formations de premier plan s’interrogent encore à ce chapitre. Chez les Leafs, Matt Murray vient d’allouer quatre buts dans chacun de ses cinq derniers matchs. C’est un peu mieux du côté d’Ilya Samsonov, mais il a tout à prouver.
Jack Campbell est un désastre à Edmonton jusqu’ici. Les Oilers devront probablement se rabattre sur Stuart Skinner qui connaît une saison respectable, mais qui n’a jamais joué un match de série éliminatoire.
Le directeur général, Kent Hughes doit se trouver un gardien prometteur. Si les Bruins se sont dénichés un Linus Ullmark et que le Wild semble avoir acquis une perle en Filip Gustavsson, Hughes peut en faire autant et c’est un dossier prioritaire.
-Propos recueillis par Gilles Moffet
ENTREFILETS
Mauvaise gestion
Je parlais de la mauvaise gestion des gardiens à Toronto et Edmonton, mais que dire des Sabres de Buffalo qui ont entamé la saison avec un numéro un qui n’avait jamais joué plus que 19 matchs dans une saison, Eric Comrie? À 41 ans, Craig Anderson, représentait un certain risque comme auxiliaire, mais il a fait du bon boulot. En pleine course aux séries on a utilisé trois gardiens, ce qui n’est pas très futé puisque même si tu te qualifies, aucun des trois ne peut arriver dans l’après-saison en forme optimale. Et n’oublions pas. Les Sabres ont laissé partir Linus Ullmark à la fin de la saison 2020-21. Aujourd’hui, il est le favori pour gagner le trophée Vézina, alors que les Sabres sont en voie de rater les séries pour une douzième année d’affilée. Probablement qu’avec Ullmark les choses auraient été différentes.
Ullmark en perd une Après neuf victoires d’affilée, Linus Ullmark a « enfin » perdu un match, mardi. Je ne sais pas s’il pense à ses chiffres, mais il est encore à 0,935 en efficacité à la mi-mars. C’est incroyable. J’espère que ça ne le distrait pas. Je me souviens que lors de ma grosse saison en 2001-02, avant un match à Nashville, le 23 mars 2002, je regardais mes statistiques et je commençais à faire des calculs en me disant que si j’accordais un but, ou aucun, que je pourrais encore améliorer mes chiffres. Très mauvaise idée. J’ai accordé trois buts en dix minutes et ma soirée de travail s’est arrêtée là. Je n’ai pas répété l’erreur. Ullmark, et tout gardien en fait, doit rester concentré sur son travail et ne pas trop penser à ses chiffres.
L’influence de Fleury
L’ancien gardien des Sénateurs d’Ottawa, Filip Gustavsson, connaît toute une saison chez le Wild du Minnesota et au point tel, que si les séries débutaient demain, il serait mon gardien partant. Vous pouvez être certain qu’une partie de ses succès est attribuable à Marc-André Fleury qui est tellement un bon coéquipier, mais aussi un bel exemple pour un jeune gardien. Rappelez-vous comment il avait été bon pour Matt Murray à Pittsburgh. Fleury avait aussi une belle complicité avec Robin Lehner chez les Golden Knights de Vegas. Et il est toujours aussi spectaculaire devant son filet. Les Penguins s’ennuient de lui, c’est sûr.