«Police Deranged» au Palais Montcalm: dérangement réussi pour Stewart Copeland et l’OSQ
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Sur scène, entouré par l’Orchestre symphonique de Québec, Stewart Copeland avait l’air de s’éclater royalement. On l’a vu livrer ses signatures rythmiques à la batterie, jouer de la guitare et même diriger, baguette en l’air et en sautillant, l’ensemble de 48 musiciens.
Le batteur de 70 ans était de passage, mercredi, au Palais Montcalm, avec sa tournée Police Deranged, où il a présenté des versions déconstruites des chansons du trio britannique, lors d’un concert à guichets fermés.
En entrevue, quelques heures avant de monter sur les planches, Stewart Copeland, blagueur, a avoué avoir beaucoup de plaisir durant ses concerts.
«Le son, avec l’orchestre qui propose toutes sortes de textures, est fantastique. Je fais des blagues avec Andy Summer, qui, en ce moment, reprend les pièces de Police avec un groupe brésilien, en lui disant que c’est plaisant de jouer ces chansons sans la présence des deux autres enfoirés et il est d’accord. Je les aime bien, ces enfoirés, lorsqu’on ne fait pas de musique ensemble. Ce sont mes frères et nous sommes liés à vie», a lancé le batteur, sourire aux lèvres.
Stewart Copeland a raconté que les Police n’ont jamais vraiment évoqué, à l’époque, la possibilité de faire un concert avec un orchestre symphonique.
«On a discuté, durant cinq minutes, de l’idée de faire un concert “unplugged” avec un ensemble, mais ça ne s’est jamais matérialisé», a-t-il dit.
Sting, a-t-il précisé, en a déjà fait un.
«Il n’avait pas le bon modèle d’affaire. Il a engagé 30 personnes pour les amener sur la route. Mon plan était meilleur. Ce sont eux qui m’engagent et je coûte beaucoup moins cher qu’eux», a-t-il fait savoir en riant.
Il précise qu’il peut, avec cette formule, jouer moins fort et que ça sonne mieux.
«Je peux apporter des éléments de finesse qui seraient impossibles à entendre dans un concert rock. Le plus bel avantage de jouer moins fort, c’est que personne ne quitte avec un mal de tête», a-t-il fait remarquer.
Une Roxanne méconnaissable
Pour apprécier l’aventure Police Deranged, il fallait accepter d’être déstabilisé. Orchestrateur et compositeur de plusieurs musiques de film, Stewart Copeland reprend les titres des Police en modifiant les arrangements, la structure des couplets et des refrains et en insérant de nouveaux segments musicaux.
C’est un peu le fouillis sonore lors de Demolition Man, de l’album Ghost in the Machine, qui a ouvert ce concert-événement. Un titre un peu moins connu des Police. Il était difficile de distinguer les sonorités déployées par l’OSQ et c’est avec King of Pain, qui a suivi, que les choses ont commencé à se placer.
On reconnaît les chansons, mais certaines, comme l’immense classique Roxanne, étaient fortement dérangées. Les paroles, la musique, tout était différent et impossible à chanter.
«Celle-là, je l’ai dérangée beaucoup», a lancé Stewart Copeland, avant son interprétation, en riant, en compagnie de l’OSQ, sous la direction du chef invité Edwin Outwater, du guitariste Carl Verheyen, du bassiste Armand Sabal-Lecco et des chanteuses Amy Keys, Carmel Helen et Ashley Tamar.
Avant Message in a Bottle, Stewart Copeland a qualifié l’OSQ, de groupe le plus cool en Amérique du Nord, invitant les gens à assister à leur prochain programme.
«Ça va changer votre vie», a-t-il lancé, avec un sourire sur le visage qui s’est maintenu durant toute la prestation.
Personnalité
Le batteur a précisé, en entrevue qu’il constate, au fil des prestations, des différences dans l’interprétation avec les ensembles symphoniques.
«Les musiciens jouent tous les mêmes notes avec précision. Je sens quelque chose de différent avec l’OSQ. Il a sa propre signature. C’est, même s’il y a 50 musiciens, un organisme avec son identité. Il apporte leur personnalité. Je les adore», a-t-il fait remarquer, avant de filer pour retourner en répétition.
King of Pain, Murder by Numbers, Spirits in the Material World et un super segment totalement musical, dirigé par Stewart Copeland, pour sa pièce The Equalizer Busy Equalizing, ont été les bons moments du premier segment du spectacle. C’est toutefois en deuxième partie que le concert a pris son envol. On entendait mieux les sonorités des cordes et des cuivres. Le son était aussi mieux équilibré et de meilleure qualité.
On a senti que l’OSQ était mis en valeur durant les The Bed’s Too Big Without You, Don’t Stand So Close to Me, Message in a Bottle et le son était de meilleure qualité. Stewart Copeland était déchaîné à la batterie sur ces deux dernières chansons. Le chef Edwin Outwater s’est même permis quelques sauts en dirigeant l’orchestre symphonique.
En rappel, on a eu droit à une version pas trop dérangée de Every Little Thing She Does is Magic. Les gens se sont levés. Ça dansait à certains endroits.
À la fin du concert, on pouvait faire le constat que les chansons des Police, dérangées ou pas, sont toujours fortes et solidement imprimées dans notre mémoire. Une prestation unique et différente, mais une superbe soirée de musique hors des sentiers souvent visités.