Fabien Cloutier confronte notre confort dans son nouveau spectacle d’humour
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Arrivé du milieu du théâtre, Fabien Cloutier a fait une entrée remarquée en humour en 2016 avec un premier spectacle comique, Assume. Après quatre animations de galas ComediHa !, et l’écriture de cinq saisons de la série Léo, le voici qui revient avec une nouvelle proposition humoristique. Dans Délicat, le comédien, humoriste et auteur veut notamment « confronter notre confort » avec son personnage de « Fabien coloré » à prendre au deuxième degré.
« C’est vraiment une affaire de trouver son humoriste. Ça se fait avec le temps. Je ne sais pas si je suis meilleur qu’avant. Mais j’ai plus de métier. »
Au théâtre, Fabien Cloutier a présenté plusieurs créations acclamées, dont Scotstown (2008), Cranbourne (2011) et Pour réussir un poulet (2014). Quand il a fait le saut en humour, le comédien et dramaturge savait qu’il devait livrer la marchandise.
Son premier one-man show comique, Assume, a été très bien accueilli. Cloutier y présentait alors un personnage plutôt en colère, qui renvoyait au public la faute de tous les maux de la société. Pour son retour sur scène cet hiver, il a cette fois-ci décidé d’embarquer les spectateurs dans sa folie.
« J’ai réservé mes moments de colère à des choses banales, dit-il. C’est une des clés pour que les gens se disent que ça ne doit pas me fâcher pour vrai, cette affaire-là. Avant, le personnage sur scène se mettait plus dans une position de “j’ai raison, vous devez changer”. Maintenant, je les mets plus complice avec moi. »
Créer des images
Écrit avec Luc Boucher et Julien Corriveau, Délicat nous montre un Fabien Cloutier qui confronte notre confort. « On nous parle de réchauffement climatique, des choses comme ça. Là, tout à coup, il fait 4 degrés en février. On le sait que ce n’est pas ça, d’habitude. Mais en même temps, tu te dis que 4, c’est plus confortable que moins 20. Je me plais à jouer cette personne qui voit le réchauffement climatique arriver en faisant une “bonne affaire”. »
Parce que l’homme de théâtre n’est jamais bien loin, Fabien Cloutier aime créer des images quand il écrit.
« J’aime ça, raconter, et que les gens voient des choses. J’aime ça qu’ils fassent de la mise en scène dans leur tête. J’aime raconter une histoire du gars avec la chèvre et qu’ils voient la chèvre. »
Quand il pensait à un titre pour son spectacle, Fabien Cloutier cherchait une chose à laquelle les gens ne l’associeraient pas de prime abord. Le titre Délicat lui donnait aussi « toutes les permissions ». « Après ça, est-ce que les gens vont dire que c’est du deuxième degré ? »
Plus à l’aise
Alors qu’environ 50 000 billets s’étaient vendus pour la tournée complète de 130 dates d’Assume, Fabien Cloutier a déjà écoulé 50 000 billets avant même la première de Délicat. « Il y a toute une différence », remarque-t-il.
L’expérience des dernières années en humour a fait qu’il s’est retrouvé plus rapidement à l’aise en remontant sur les planches pour le rodage de Délicat. « J’ai trouvé mon plaisir plus vite », dit-il.
L’écart de plus de six ans entre ses deux one-man shows s’explique par un mot : Léo (voir autre texte plus bas). La série a accaparé l’auteur durant cinq bonnes années. Et parce qu’il est père de deux ados, il ne veut pas trop s’éparpiller dans différents projets simultanés.
« Je ne veux pas courir. Ça fait partie des choix. Là, je fais de la tournée, je ne vais pas faire deux séries aussi en même temps. Mes journées tranquilles sont souvent les lundis et mardis. J’essaie de ne pas me rajouter des trucs à ces moments-là. Ma vie, c’est aussi la gang avec qui je décide de la passer. »
► Le spectacle Délicat, de Fabien Cloutier, sera présenté les 21-22 mars, au Club Soda de Montréal. Il passera aussi par la Salle Albert-Rousseau de Québec, les 17-18 avril. fabiencloutier.com.
La touchante fin de la série Léo après cinq saisons
En novembre dernier, Fabien Cloutier a fait ses adieux à l’équipe de la série Léo. La cinquième et dernière saison, qui sortira à l’hiver 2024 sur Club illico, se finira sur une note positive qui devrait plaire aux spectateurs, selon l’auteur.
« La boucle, on l’a bouclée. Je pense que la cinquième saison, le monde va l’aimer. On fait un petit pas de reculons. On va voir les personnages qu’on a vus dans les quatre saisons précédentes. Je pense que ça va être un très beau bonbon, un très beau dessert. Oui, il va y avoir des émotions, mais je voulais laisser ça positivement. »
A-t-il trouvé difficile de quitter ses collègues avec qui il venait de travailler durant cinq ans ?
« Ç’a été plusieurs petits deuils, répond-il. Durant le tournage, on commençait à voir des acteurs qui venaient pour la dernière fois. Plus ça avançait et plus il y en avait. On sentait la finale arriver. C’était une très, très belle gang. C’est un gros morceau à laisser derrière soi, un très beau projet. Je n’ai pas donné souvent cinq ans à quelque chose. »
Nouvelle célébrité
Le succès de Léo, au Club illico et à TVA, a aussi fait en sorte que Fabien Cloutier est devenu une personnalité connue du grand public. Même s’il avait été de l’aventure des Beaux malaises, c’est vraiment Léo qui a changé sa célébrité.
« C’est sûr qu’il y a une différence. Il y a encore quelqu’un, une fois de temps en temps, qui me dit “le frère de Martin Matte !”. Mais je me fais quasiment dire “Léo” tous les jours. Je sais qu’il y a des gens qui l’ont vraiment adopté. Il y a du monde qui voudrait l’avoir comme ami. »
« La fiction, ça peut vraiment être extraordinaire. Durant la première saison, j’avais des gens qui m’écrivaient que le personnage de Léo, c’était eux, que je leur avais donné envie de se réveiller, de se donner un coup de pied dans le derrière. Il y en a même qui m’ont dit que Léo, ça leur avait sauvé la vie. [...] Les gens se sont reconnus dans la série. Ils se sont sentis respectés dans leurs défauts, dans leurs contradictions et dans leurs espoirs. »
Aimant davantage la chasse et la pêche que les tapis rouges, Fabien Cloutier mentionne ne pas avoir de problème avec sa récente célébrité.
« Je suis content de l’avoir vécue à mon âge [il a 47 ans]. [...] J’ai travaillé dans l’ombre pendant assez longtemps. Je n’étais pas malheureux. Je suis bien content de faire la couverture [du cahier week-end du Journal], mais ce n’était pas mon but dans la vie. Mon but, c’était de faire mon métier, d’écrire, de jouer tout ça. Je suis toujours en train de créer. Si la reconnaissance du public et du milieu fait que ça me donne des moyens de créer, c’est ça qui me rend heureux. »
► La quatrième saison de Léo est en nomination au Gala Les Olivier, présenté dimanche soir, dans la catégorie Série de fiction humoristique de l’année.
Une heureuse vie de famille avec son amoureuse et ses deux ados
Fabien Cloutier est heureux en amour depuis près de 20 ans avec l’autrice-compositrice Maude Audet. Puisque leurs métiers respectifs comprennent des tournées de nombreux spectacles, comment arrivent-ils à conjuguer la vie familiale avec leurs enfants de 14 et 16 ans ?
« On a un horaire bien géré, répond Fabien en souriant. Nos jeunes sont capables d’être indépendants. C’est plus facile qu’avant. Ça se fait un lunch, ça prend l’autobus. »
Fabien ajoute que puisqu’il part de la maison parfois pendant trois jours consécutifs, il s’assure d’être pleinement présent, de corps et d’esprit, quand il revient auprès des siens.
« Il y a des gens qui font du 8 à 5, mais ils ne passent pas la soirée avec leurs enfants. Ils soupent chacun de leur bord. Ils sont dans la même maison, mais ils ne sont pas ensemble. Quand je suis à la maison, je discute, on se questionne. J’ai une relation dans l’ouverture. »
Même si leurs deux métiers sont instables, Fabien Cloutier indique ne jamais avoir vécu de remises en question. « On a toujours été dans la création. On s’est toujours dit qu’on allait faire ce qu’on aimait. On a fait des enfants [en n’étant] pas riches. On s’est toujours débrouillés ».
Québec-Montréal
Leur vie de famille a grandement changé le jour où ils ont décidé de quitter la ville de Québec pour s’installer à Montréal, il y a huit ans. « Je commençais de plus en plus à travailler à Montréal et je perdais tellement de temps sur la route, dit Fabien. Quand tu fais la 20 de deux à trois fois par semaine, ces heures-là sont perdues. »
Leurs enfants ont-ils la même fibre artistique que leurs parents ?
« Peut-être, mais je ne force pas ça, répond Fabien. Moi-même, ça m’a pris du temps avant de me dire que je pourrais peut-être faire ça [dans la vie]. C’est sûr qu’ils ont une base, qu’ils voient des choses. Mais s’ils décident de faire ça, ils vont commencer en étant “l’enfant de”, ce que Maude et moi, on n’avait pas. Il faut que ça se fasse bien tranquillement. Ils feront bien ce qu’ils veulent ! »