/opinion/columnists
Publicité

Faillites bancaires et hystérie anti-woke

US-SILICON-VALLEY-BANK-SHUT-DOWN-BY-REGULATORS
Des gens attendent devant les portes closes de le siège social de la Silicon Valley Bank le 10 mars dernier. Photo AFP


La chute de la Silicon Valley Bank soulève d’importants enjeux de réglementation, mais la droite y voit plutôt une autre bataille de la guerre culturelle.

Alors que les Bourses sont ébranlées par la faillite de la 16e plus grande banque des États-Unis, la droite américaine fait de la petite politique en blâmant son bonhomme Sept Heures préféré, responsable de tous les maux du monde : le « wokisme ».

C’est ridicule. Le fait que cette banque ait été ouverte à la diversité et qu’elle ait investi dans des secteurs écologiquement responsables n’a rien à voir avec son échec.

Déréglementation

Avant tout, les déboires de la Silicon Valley Bank (SVB) s’expliquent par l’appât du gain à court terme de ses dirigeants, qui ont toléré des niveaux de risque beaucoup plus élevés que ceux qu’une saine réglementation leur aurait imposés.

Si on insiste pour chercher des causes idéologiques à ce gâchis, ce n’est pas les préoccupations environnementales et sociales ou la gestion inclusive qu’il faut pointer du doigt, c’est plutôt le mantra idéologique de la droite qui fait de la déréglementation la solution universelle à tous les problèmes.

En 2018, l’administration Trump a réduit les contrôles sur la prise de risque des banques introduits à la suite de la crise financière de 2008. Il n’est pas inutile de rappeler qu’au premier rang des lobbyistes qui réclamaient carte blanche pour jouer au casino avec les dépôts de leurs clients se trouvaient les dirigeants de la SVB.

Des capitalistes pas très woke

La Silicon Valley Bank était populaire auprès des entreprises de haute technologie, un secteur où le risque est omniprésent.

Des enquêtes détermineront les raisons exactes de la panique de ses déposants. 

La plupart des analystes croient que les dirigeants de la SVB ont pris des risques plus élevés que ce que la prudence bancaire aurait exigé, tout en se versant des primes considérables alors même que les pertes étaient imminentes.

En bref, la chute de la SVB s’explique plus par le fait que ses dirigeants se sont comportés comme des capitalistes avides de gains à court terme que par la « distraction » provoquée par les changements culturels qui touchent toutes les organisations.

De la politique partout

Ça n’empêche pas les commentateurs de Fox News et les politiciens républicains de blâmer l’épouvantail à tout faire qu’est devenu le « wokisme », un terme qu’ils sont généralement incapables de définir.

Qu’à cela ne tienne. Puisqu’il ne saurait être question de remettre en question les politiques qui ont permis à ceux qui tirent les ficelles du « populiste » Parti républicain de s’en mettre plein les poches, il est bien plus facile de blâmer ce nouveau bouc émissaire universel pour tous les maux qui affligent le bon peuple.

Tous les républicains ambitieux, y compris Ron DeSantis, ont compris que de mettre l’écran de boucane de la guerre culturelle à l’avant-plan de tous les enjeux permet de faire avaler à leurs électeurs des politiques contraires à leurs intérêts.

Même Vladimir Poutine cherche à séduire la droite américaine en proclamant qu’il se bat contre le « wokisme » en Ukraine.

Comme la sécurité internationale, le problème de la stabilité des systèmes bancaires est trop sérieux pour qu’on fasse ce genre de petite politique sur son dos.







Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.