Le cinéaste Claude Fournier s'éteint à 91 ans
Il a réalisé Deux femmes en or et Bonheur d’occasion
Coup d'oeil sur cet article
Le cinéaste, producteur et écrivain Claude Fournier est décédé jeudi, à l'âge de 91 ans, à la suite de problèmes cardiaques. Son frère Guy Fournier en a fait l’annonce au Journal.
Le cinéaste a passé les derniers jours au Centre hospitalier de l'Université de Montréal, après avoir subi un infarctus lors d'un voyage en Martinique. Il s'est éteint alors qu'il était entouré de ses proches.
«C’est difficile de perdre son frère jumeau, a confié l’auteur et scénariste Guy Fournier, joint jeudi, et dont la voix était nouée par l’émotion.
«On a passé notre vie ensemble et on a fait pas mal le même métier. L’été passé, on avait mangé ensemble pour notre anniversaire et je lui avais dit: “Je ne suis pas sûr qu’on va se rendre à 92 ans.” Il m’a demandé: “Pourquoi tu dis ça?” Je lui avais répondu: “Je ne sais pas, c’est un feeling que j’ai...”
«Alors, je ne sais pas si moi, je vais me rendre, mais lui, il ne se sera pas rendu.»
Claude Fournier était en vacances, en Martinique, avec sa conjointe Marie-José Raymond et un couple d’amis, quand sa santé a commencé à se détériorer, la semaine dernière.
«La veille de son retour, il se sentait très mal, alors son ami, qui est médecin, lui a dit qu’il devrait peut-être aller à l’hôpital à Fort-de-France. Mais Claude lui a dit qu’il préférait retourner à Montréal. Et comme son ami médecin revenait dans le même vol que lui, il lui a dit qu’il allait s’occuper de lui.»
- Écoutez l'entrevue avec Guy Fournier, frère de Claude Fournier, cinéaste et auteur, à l’émission de Sophie Durocher diffusée chaque jour en direct à 14 h 35 via QUB radio:
En revenant à Montréal, l’ami médecin de Claude Fournier lui a de nouveau conseillé d’aller à l’hôpital, mais le cinéaste a refusé en plaidant qu’une nuit de sommeil le remettrait sur pieds.
«Mais le lendemain [vendredi passé], la femme de Claude l’a fait transporter en ambulance jusqu'à l’hôpital, et ça s’est détérioré depuis. Il est mort aujourd’hui [jeudi] des suites d’une hémorragie massive», témoigne Guy Fournier, qui a pu aller le saluer pour une dernière fois mercredi soir à l’hôpital.
Une œuvre abondante
Cinéaste prolifique, Claude Fournier laisse derrière lui une œuvre abondante. On lui doit notamment la comédie érotique Deux femmes en or, film culte qui a connu un immense succès populaire (environ deux millions de spectateurs) lors de sa sortie, en 1970.
Il a aussi réalisé La pomme, la queue et les pépins (1974), Les chats bottés (1971), la comédie J’en suis! (1997) avec Patrick Huard et Roy Dupuis, et le drame romantique Je n’aime que toi (2004).
Les années 1980 ont été particulièrement fastes avec la réalisation de plusieurs projets d’envergure comme la série télé Les Tisserands du pouvoir (1988) et le film Bonheur d’occasion (1983), une ambitieuse adaptation du roman de Gabrielle Roy.
«Le film dont il était le plus fier, c’est Bonheur d’occasion», souligne Guy Fournier.
Conseiller municipal
En novembre 2005, Claude Fournier est élu conseiller municipal de Saint-Paul-d'Abbotsford, dans la MRC de Rouville, en Montérégie. Il remporte cette élection par 125 voix contre 42 pour son adversaire.
À la même époque, le cinéaste se retrouve au cœur d’une polémique après la diffusion de sa série Félix Leclerc. Le directeur de la programmation de Radio-Canada, Mario Clément, avait alors déclaré que la série était l'une des pires qu'il a vues à la télévision; des dires qui le mèneront devant les tribunaux.
En 2008, la Cour supérieure du Québec a tranché en faveur du couple Fournier-Raymond et condamnera la SRC à verser 200 000$ aux plaignants, qui réclamaient 4,3 millions de dollars pour diffamation.
En 2009, il a signé une autobiographie intitulée À force de vivre.
Le projet Éléphant
De 2008 à 2018, Claude Fournier a dirigé avec Marie-José Raymond le projet Éléphant: mémoire du cinéma québécois, organisme philanthropique visant à restaurer et à rendre disponible l’ensemble du patrimoine cinématographique québécois. Ensemble, ils ont supervisé la restauration de plus de 200 films.
«Claude Fournier a fait de notre culture, de notre cinéma, sa passion et le centre de ses engagements. Sans sa contribution et celle de Marie-José Raymond, Éléphant n’aurait pas vu le jour. Condoléances à sa conjointe, à son frère jumeau Guy Fournier et à ses proches et amis/es», a écrit jeudi soir sur Twitter le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau.
– Avec la collaboration de l’Agence QMII