Comment le PLQ a-t-il pu devenir à ce point inutile?
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À quoi sert le Parti libéral du Québec aujourd’hui ?
Question toute simple, réponse difficile.
Imaginez les électeurs, maintenant.
Même les libéraux, eux-mêmes, ne pourraient pas élaborer une courte dissertation sur ce sujet.
Et à lire les déclarations du chef Marc Tanguay après la déroute dans la partielle de Saint-Henri–Sainte-Anne de lundi – « on a pu constater sur le terrain que nous avons, au PLQ, une pertinence qui a été confirmée », en ajoutant que leur « ADN ne changera pas » et que leur « défi est de simplifier le message » –, on se rend compte que les libéraux ne sont pas sortis de l’auberge.
C’est le paroxysme de la langue de bois et de l’aveuglement volontaire. Ne reste plus que les fameuses « valeurs libérales » – qui elles aussi relèvent de la langue de bois libérale.
Longue paresse
Le PLQ vit les conséquences d’une longue paresse intellectuelle.
À force de gagner des élections sur le dos du référendum, ils ont arrêté de réfléchir.
Ils sont incapables d’arriver, en 2023, aux clivages du Québec d’aujourd’hui. Pas tant la souveraineté ou l’axe gauche-droite, mais les questions identitaires.
Le PLQ a offert deux réponses aux Québécois ces dernières années. Un, cela n’importe pas, regardez ailleurs. Poussiéreux, ligue du vieux poêle, nostalgique, disait-on. Deux, on les assimilait à de la discrimination. La majorité est forcément oppressive, suspicieuse. Les braises de l’intolérance, disait l’autre.
On n’a rien fait lorsqu’on était au gouvernement, laissant le climat social se dégrader.
Le PLQ n’occupe donc plus aucun terrain propre.
La défense de l’économie, de la prospérité ? La CAQ est là.
L’affirmation du Québec dans le Canada – comme peut le défendre l’ex-ministre, Benoit Pelletier ? La CAQ est aussi là.
La défense de l’absolutisme des droits individuels ? Du postnationalisme ? Les solidaires sont là et les libéraux fédéraux, aussi.
Que reste-t-il donc ?
Autrefois, le PLQ, époque bourassienne, défendait une vision québécoise du Canada. Maintenant, on a parfois l’impression que le PLQ se transforme en cheval de Troie canadien au Québec.
Certes, les vases communicants avec les libéraux fédéraux sont logiques.
Mais question toute simple aux députés libéraux du Québec : pourquoi faire le choix du PLQ et non des libéraux d’Ottawa ? Parce que la politique québécoise semble, parfois pour eux, les ligues mineures, un prix de consolation de ne pas être à Ottawa.
Marwah Rizqy s’est présentée au PLC en 2015 – en vain. André Fortin a conseillé Justin Trudeau. Dominique Anglade était aussi pressentie pour aller au PLC. Ainsi de suite.
Le « bloc » allophone
Le dernier sondage indique que seulement 4 % des francos appuient le PLQ.
C’est l’image du champ de ruines qui nous vient.
Pire pour le PLQ : il ne cartonne plus chez les allophones – anglos et immigrants – historiquement un bloc stalinien en sa faveur, comme l’a démontré l’élection partielle de cette semaine.
Il y a une nouvelle dynamique politique à l’œuvre. Des immigrants de deuxième et troisième générations qui se tournent tranquillement vers Québec solidaire.
Le résultat ? Il ne reste plus que quelques apôtres au PLQ. Qui à la différence des authentiques apôtres n’ont actuellement aucune « bonne nouvelle » à prêcher.