Classes à la qualité de l’air déficiente: voici les établissements problématiques au Québec
Dans certaines écoles, les quantités de CO2 dépassent grandement les normes recommandées
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Plus de 40 % des classes où la qualité de l’air était la plus déficiente l’automne dernier se trouvaient dans la ville de Laval, dont les bâtiments scolaires sont vétustes. Le Journal vous dévoile la liste des établissements problématiques.
Notre Bureau parlementaire a obtenu, grâce à la loi d’accès à l’information, la liste des locaux qui ont présenté la plus grande concentration de CO2 lors de la rentrée scolaire, soit du 5 septembre au 28 octobre 2022.
Le ministre Bernard Drainville avait dévoilé, en décembre dernier, un sommaire de ces données, sans identifier les écoles.
Alors que le ministère de l’Éducation considère qu’un niveau idéal se situe à 1000 parties par millions (ppm), le gouvernement Legault place la barre à 1500 ppm.
Les données fournies en réponse à notre demande d’accès à l’information concernent les 72 classes où la qualité de l’air est la plus déficiente, soit celles ayant dépassé une concentration en CO2 de 2000 ppm au moins trois fois durant la période visée.
Laval au bas du classement
Dans ce malheureux palmarès, la région de Laval était représentée 31 fois.
À elle seule, l’école secondaire Saint-Maxime comptait six classes dans le top 10. L’un des locaux a même enregistré une concentration moyenne de 3977 ppm sur la période de huit semaines (voir plus bas).
Cette situation n’étonne pas le président du Syndicat de l’enseignement de la région de Laval, André Arsenault. Il souligne que plusieurs écoles de la région sont vétustes. « Le Centre de services scolaire de Laval n’entretient pas très bien ses bâtiments et le gouvernement du Québec construit de nouvelles écoles sans tenir compte de la rénovation et de l’entretien des anciens bâtiments », déplore M. Arsenault.
En effet, la plus vieille annexe de l’école Saint-Maxime a été construite en 1958, tandis que le bâtiment principal est daté de 1963. Notons aussi que l’établissement se situe à 250 mètres du boulevard Curé-Labelle.
De son côté, le Centre de services scolaire de Laval explique que « la majorité de nos établissements est ventilée manuellement », c’est-à-dire que les enseignants doivent ouvrir les fenêtres pour aérer le local.
Ouvrir les fenêtres
C’est d’ailleurs le cas pour plus de la moitié des écoles du Québec, qui sont dépourvues d’une ventilation mécanique. Après la publication des données par le ministre Drainville en décembre dernier, le centre de services a mis en place plusieurs mesures pour corriger la situation. Des affiches ont notamment été installées pour rappeler aux enseignants d’ouvrir les fenêtres par temps doux ou de profiter des pauses pour aérer le local par temps froid.
« Force est de constater que les actions déployées depuis l’automne dernier portent leurs fruits puisque, pour la période du 9 janvier au 3 mars 2023, seulement deux classes présentaient une concentration moyenne hebdomadaire de CO2 qui a dépassé 2000 ppm au moins trois fois durant la période ciblée », affirme une porte-parole.
CLASSES PROBLÉMATIQUES
Pire en hiver
Un professeur associé spécialisé en ventilation juge « préoccupantes » les données obtenues par Le Journal, surtout que le relevé a été fait lors de la rentrée scolaire.
« C’est en début d’année, dans une période où les températures extérieures sont plus tempérées, où on pouvait encore ouvrir les fenêtres. Donc ce n’étaient pas les pires conditions », souligne Stéphane Bilodeau, professeur associé au Département de bio-ingénierie de l’Université McGill.
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, l’avait d’ailleurs reconnu lui-même au moment de dévoiler ses résultats. « Quand les grands froids vont arriver, ces chiffres-là risquent d’être moins bons, soyons honnêtes », concédait-il.
Comme de fait, le nombre de locaux qui dépasse les 2000 ppm est passé de 250 durant la semaine du 3 octobre 2022 à 3892 pour la semaine du 19 décembre de la même année (voir plus bas).
Des moyennes et des pointes
M. Drainville a assuré en décembre dernier que des travaux sont déjà en cours pour améliorer la situation dans les locaux identifiés, que ce soit par l’installation d’échangeurs d’air ou de nouvelles fenêtres.
On a beaucoup parlé de la qualité de l’air en lien avec la COVID-19, mais une forte concentration de CO2 nuit également à la santé en facilitant la propagation des polluants et affecte la concentration des élèves, rappelle M. Bilodeau.
Le spécialiste note également que les données présentées par Québec sont des moyennes, ce qui signifie que les lecteurs de CO2 ont enregistré des pointes plus élevées.
« Dans la moyenne qu’on fait, on inclut aussi des périodes où la classe n’est pas occupée ; par exemple les récréations, les heures de dîner ainsi que les périodes en début et en fin de journée, quand il n’y a pas grand monde dans la classe », explique M. Bilodeau.
« Ç’aurait été beaucoup plus parlant d’avoir les pointes. [...] Ces moyennes-là sont en deçà de la réalité », juge-t-il.
Nombre de classes avec une concentration moyenne de CO2 supérieure à 2000 ppm
Automne 2022
- Semaine du 3 octobre : 250
- Semaine du 10 octobre : 488
- Semaine du 17 octobre : 470
- Semaine du 24 octobre : 254
Hiver 2022
- Semaine du 28 novembre : 3378
- Semaine du 5 décembre : 3385
- Semaine du 12 décembre : 4000
- Semaine du 19 décembre : 3892
Source : Ministère de l’Éducation
