Le président iranien invité à visiter l'Arabie saoudite
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Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a salué dimanche une invitation qu'il a reçue du roi Salmane d'Arabie saoudite pour se rendre à Riyad, afin de sceller le rapprochement entre les deux pays, a indiqué un responsable de la présidence iranienne.
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«Dans une lettre au président Raïssi, le roi Salmane d'Arabie saoudite a salué l'accord conclu entre les deux pays frères, l'a invité à Riyad et a appelé à une forte coopération économique et régionale. M. Raïssi a salué cette invitation», a indiqué sur Twitter son chef de cabinet adjoint, Mohammad Jamshidi.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a affirmé dimanche que les deux pays s'étaient entendus sur une prochaine réunion de leur chef de la diplomatie.
Il a indiqué que «trois lieux» avaient été suggérés «pour tenir cette rencontre», sans préciser lesquels.
Cette invitation de l'Arabie saoudite intervient peu après l'annonce le 10 mars par Téhéran et Riyad de leur décision de rétablir leurs relations diplomatiques d'ici deux mois à l'issue de pourparlers en Chine.
L'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite ont rompu leurs liens en 2016 après l'attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique à la suite de l'exécution par Riyad d'un célèbre religieux chiite.
En soutien à Riyad, d'autres pays du Golfe parmi lesquels les Émirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn avaient réduit leurs liens diplomatiques avec Téhéran.
Ces derniers mois, les Émirats et le Koweït ont repris leurs relations
diplomatiques avec l'Iran. Et Téhéran a fait part le 13 mars de son intention de rétablir les liens avec Bahreïn, la diplomatie iranienne évoquant «l'atmosphère positive régnant dans la région».
Ce rapprochement entre Riyad et Téhéran pourrait se concrétiser «très rapidement» par des investissements saoudiens «si l'on s'en tient aux principes de ce qui a été convenu», a signalé mercredi le ministre saoudien des Finances, Mohammed al-Jadaan, faisant fi des sanctions internationales imposées à la République islamique.
L'accord entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient prévoit aussi la réouverture mutuelle des ambassades, ainsi qu'un engagement de chacun à respecter la souveraineté de l'autre et à ne pas s'immiscer dans les «affaires intérieures».
Les deux pays, riches en pétrole, soutiennent des camps opposés dans plusieurs conflits régionaux, comme en Syrie ou au Yémen.
Leur rapprochement a suscité la surprise et l'espoir d'une réconciliation entre parties belligérantes dans ces pays en guerre, voire d'une éventuelle sortie de conflit.
Mais le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, a souligné le 13 mars que cet accord «ne signifiait pas que (Riyad et Téhéran avaient) trouvé une solution à tous les différends qui (les) opposent».
En attendant, l'Irak, victime de la lutte d'influence entre Riyad et Téhéran, sera «le principal bénéficiaire du rétablissement des liens entre l'Iran et l'Arabie saoudite», a indiqué l'analyste irakien Ali al-Baidar, sur Twitter.
Israël a en revanche observé avec inquiétude cet accord entre l'Arabie saoudite et l'Iran, ennemi juré de l'État hébreu. «Un échec total et dangereux de la politique étrangère du gouvernement israélien», a jugé le chef de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid, dès l'annonce de l'accord.
Sur la plan géopolitique, l'accord marque l'engagement croissant de la Chine au Moyen-Orient, alors que le pays restait jusque-là perçu comme réticent à s'impliquer dans les dossiers épineux de la région. Un changement de paradigme qui pourrait remettre en question la domination des États-Unis au Moyen-Orient, estiment des analystes.