Netflix banalise le viol
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Quelle déception ! En regardant le documentaire de Netflix sur Pornhub, je m’attendais à une charge à fond de train contre les dérapages dégoûtants de ce géant de la porno.
À la place, on a droit à un film complaisant qui semble sérieusement minimiser les cas d’exploitation sexuelle. C’est carrément indécent !
SCÈNE DE CRIME
J’ai visionné hier Money Shot : the Pornhub story (Pornhub, gros plan sur le géant du sexe).
J’étais particulièrement intéressée parce que Mindgeek (qui possède Pornhub) est une compagnie canadienne, établie sur le boulevard Décarie. (Ce n’est que la semaine dernière que Mindgeek a été vendue à un fonds d’investissement ontarien).
Vous vous rappelez qu’en décembre 2020, le New York Times avait publié un dossier dévastateur de Nicholas Kristof intitulé The children of Pornhub. Il accusait Pornhub, avec témoignages à l’appui, de diffuser des vidéos de viol, de la pédopornographie et de la revenge porn.
Ce reportage m’avait levé le cœur et glacé le sang. Après la diffusion de ce dossier-choc, les parlementaires à Ottawa ont interrogé les dirigeants de Pornhub, et des compagnies de cartes de crédit ont suspendu les paiements sur le site.
Pouvez-vous croire que le documentaire de Netflix passe plus de temps à donner la parole à des acteurs pornos qui ont souffert économiquement du retrait de Visa et Mastercard qu’à parler des victimes de vidéos de viol, de pédopornographie et de revenge porn ?
Je criais dans mon salon ! Ben voyons donc ! On a droit à de longues entrevues avec des actrices pornos qui se lamentent sur la perte de leur gagne-pain...
Je trouve bien triste qu’une fille avec de gros nichons qui se rentre des dildos dans tous les orifices ait moins d’argent pour ses REER, mais je ne pleurerai pas sur son sort !
On ne peut pas mettre sur le même pied des « travailleurs du sexe », « victimes d’une perte financière », et des filles de 14 ans qui ont été violées, filmées et dont la vidéo du viol a rapporté des milliers de dollars à Pornhub !
Il y a des gens qui trouvent la porno « indécente ». Moi, ce que je trouve indécent, c’est que Netflix nous présente des adultes consentants qui exercent ce métier en toute connaissance de cause comme étant de pauvres victimes, qui semblent se foutre complètement des dommages causés aux enfants.
Misère ! Il y a une raison pour laquelle on a dénoncé les dérapages dégueulasses de Pornhub : c’est parce qu’ils ont fermé les yeux sur l’exploitation sexuelle de mineurs !
- Écoutez la rencontre Durocher-Maréchal avec Sophie Durocher au micro d'Isabelle Maréchal sur QUB radio :
À QUI LE CRIME PROFITE ?
En permettant à n’importe qui de déverser n’importe quel contenu sans vérifier la validité des vidéos ni l’identité des diffuseurs, Pornhub a contribué à détruire la vie de victimes de viol et de trafic sexuel.
Il y avait seulement 30 modérateurs à Pornhub (contre 15 000 à Facebook). Des milliers de gens ont demandé à Pornhub de retirer les vidéos de leur agression. L’entreprise s’est traîné les pieds.
« Avoir un site sexuel et ne pas avoir de système de contrôle, c’est comme une compagnie de feu d’artifice qui n’aurait pas de politique d’interdiction de fumer », dénonce une intervenante.
Une autre affirme : « Pornhub n’est pas un site porno, c’est une scène de crime ».
J’aurais bien aimé que le documentaire de Netflix passe plus de temps à s’attarder à ce côté criminel qu’aux doléances d’acteurs pornos.