Budget Girard: un budget Tim Hortons
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Chose promise, chose due. Le ministre des Finances maintient le cap et va de l’avant avec sa baisse d’impôt pour la classe moyenne.
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La mesure sera populaire. Elle est certainement populiste, s’inscrivant dans l’ADN même du gouvernement de la CAQ.
François Legault a toujours misé sur une réduction du fardeau fiscal des Québécois, il poursuit sur sa lancée. Mais à quel prix?
Effet relatif
Car la baisse d’impôt demeure modeste. Elle ne changera pas substantiellement le budget d’une famille confrontée à la crise de l’inflation.
Pour une personne seule gagnant moins de 40 000$ par an, c’est l’équivalent d’un café et de quelques Timbits par semaine.
Un couple au revenu familial de 80 000$ pourra s’acheter un pot de yogourt grec de plus par semaine.
Sans surprise, ce sont les mieux nantis qui sont les grands gagnants. La baisse d’impôt du couple gagnant 200 000$ lui permettra d’acheter un billet d’avion vers l’Europe!
Ça fait plaisir. Mais ça coûte cher, très cher, 9,2 milliards sur cinq ans, pour un effet relativement marginal.
Pire, ce sont 75% des nouvelles sommes consenties pour la croissance et la prospérité économique qui sont englouties dans cette promesse électorale.
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Quelle vision?
À l’ère de la course mondiale pour les technologies vertes, face au défi monumental de la transition énergétique, le gouvernement Legault aura ainsi préféré jouer au père Noël plutôt que de saisir l’occasion d'élaborer une vision économique pour l’avenir.
Aux États-Unis, l’administration Biden a bouleversé tout l’équilibre mondial avec ses investissements pharaoniques dans les technologies vertes, les sciences et l’innovation.
Les montants sont tels que la concurrence devient presque déloyale.
Aussi intéressante soit-elle, la filière batterie du ministre Pierre Fitzgibbon ne fait pas le poids.
Certes, le budget Girard investit 888 millions $ sur cinq ans dans l’espoir d’attirer 100 projets d’investissement majeur. Il poursuit le déploiement de zones d’innovation.
Il plaidera certainement qu’il ajoute 1,4 milliard $ dans son Plan pour une économie verte via les profits de la bourse du carbone. Mais il faudra attendre les détails du ministre de l’Environnement pour en saisir la portée économique.
Passé vs avenir
Santé, éducation, baisses d’impôt, ce budget se veut une réponse classique aux lendemains de la pandémie.
Christian Dubé a les moyens de poursuivre son Plan santé. Bernard Drainville mettra le cap sur la qualité du français et l’aide aux élèves en difficulté.
Mais ce budget n’est pas une réponse aux défis de l’avenir.
L’économie des prochaines décennies carburera à l’intelligence artificielle, à l’informatique quantique. Les biotechnologies, les technologies propres, les minéraux critiques seront le moteur des emplois payants auxquels rêve François Legault.
Or, il n’offre pas une feuille de route précise et ambitieuse pour y arriver.
Morale de l’histoire, ce budget s’inscrit dans la continuité du gouvernement de la CAQ, responsable, pondéré, généreux.
Mais il n’est pas audacieux.
Le ministre Eric Girard doit le savoir. Il se contente d’une croissance économique en deçà de 2% pour les cinq prochaines années.
On est loin de l’électrochoc qui permettrait au Québec de devenir un leader dans l’économie de demain.