Budget Girard: une baisse d’impôt qui favorise les plus riches
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Le gouvernement Legault va de l’avant avec la baisse d’impôts promise aux Québécois en campagne électorale, malgré l’incertitude économique. Si les 4,6 millions de contribuables en bénéficieront, les plus fortunés en auront davantage dans leurs poches.
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Les citoyens qui gagnent 30 000$ par an profiteront d’une réduction de 108$ de leur fardeau fiscal. Une somme qui atteindra 814$ pour les mieux nantis qui ont un revenu annuel de 100 000$ et plus.
COMBIEN DE PLUS DE DANS VOS POCHES CETTE ANNÉE
20 000 $ ➞ 8 $
30 000 $ ➞ 108 $
40 000 $ ➞ 210 $
60 000 $ ➞ 428 $
80 000 $ ➞ 628 $
100 000 $ et plus ➞ 814 $
► Quand? Les salariés québécois verront la différence sur leur talon de paie à compter de juillet.
*Source : Budget du Québec 2023-2024
Cette baisse d’un point de pourcentage des deux premiers taux d’imposition est rétroactive au 1er janvier. Mais elle ne se fera sentir concrètement dans le portefeuille des salariés qu’à compter du mois de juillet, date à laquelle les retenues à la source seront ajustées. Les travailleurs autonomes pourront, eux, l’appliquer dès maintenant.
Cette mesure, qui coûtera 1,7 G$ par an, est financée à même le remboursement de la dette. En effet, les versements au Fonds des générations, cette cagnotte dédiée à la réduction du poids de la dette, diminueront drastiquement de 40% dès cette année. Une décision justifiée, selon le ministre des Finances, Eric Girard.
«Je pense qu’on a trouvé le bon compromis, si on n’avait pas eu de baisses d’impôts, nous aurions réduit de 7,5% la dette nette sur 10 ans et là, on va le faire sur 15 ans, mais il y a des bénéfices, on va réduire le fardeau fiscal des Québécois, qui est le plus élevé en Amérique du Nord!» a-t-il plaidé.
Plus encore, le grand argentier du gouvernement Legault n’exclut pas une autre réduction du fardeau fiscal des Québécois si les nuages se dispersent et qu’une embellie se pointe à l’horizon.
«On l’a fait dans le premier mandat, on le fait ici et si on revient à l’équilibre budgétaire plus vite, il y aura peut-être l’occasion de le faire encore», a-t-il lâché aux journalistes.
128$ à la caissière
Pour l’opposition, cette hausse d’impôt qui profite davantage aux gens les plus favorisés est «irresponsable».
«Ce n’est pas normal que le gouvernement donne 128$ à la caissière et 814$ au PDG des chaînes d’épicerie, dénonce le député solidaire Haroun Bouazzi. Le bateau coule et la CAQ donne des cadeaux aux premières classes, pitche des flotteurs à la classe moyenne et laisse couler les autres.»
Selon Sébastien Lavoie, économiste en chef du groupe financier Banque Laurentienne, cette mesure contribuera partiellement à maintenir une inflation élevée, «dans la mesure où les gens au revenu supérieur à la moyenne vont bénéficier de la baisse d’impôt et donc dépenser davantage dans toutes sortes de biens et services», dit-il.
Risques de récession
Et malgré l’incertitude économique mondiale, le grand argentier du gouvernement Legault est optimiste. «Une récession n’est pas prévue au Québec», peut-on lire dans les documents budgétaires.
Deux scénarios alternatifs ont tout de même été prévus: un scénario prévoyant une récession et un autre tablant sur une plus forte croissance. Seulement 15 pages à la toute fin de la brique budgétaire leur sont consacrées.
Eric Girard a-t-il mis des lunettes roses? Le ministre des Finances a dû admettre que l’instabilité récente des marchés financiers pourrait changer la donne.
«Il y a dix jours, je vous aurais dit que le scénario à la hausse était le plus probable parce que toutes les données que nous avions pour le premier trimestre étaient un peu plus fortes que prévu. Depuis dix jours, il y a de l’instabilité au niveau des marchés financiers, qui fait que le scénario plus faible est un peu plus probable que le scénario à la hausse», a-t-il convenu.
N’empêche, la provision pour «éventualités» de 6,5 G$ sur cinq ans permettrait de pallier les effets d’un ralentissement économique plus prononcé que prévu, assure le politicien.
Ce coussin pourrait être suffisant, mais seulement si la récession est modeste, estime l’économiste Sébastien Lavoie. «Il faut admettre que le vent ne pousse pas dans la bonne direction», souligne-t-il.
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