Hôtel au bord de la mer, palmiers, piscines: les joueurs ont tendance à se relâcher en Floride
Théodore

J’étais en compagnie de Guy Carbonneau et Ed Jovanovski, jeudi, à Sunrise. On s’est tous dit la même chose lorsque les Panthers menaient 7-3 sur le Canadien après seulement 13 minutes de jeu. On n’avait jamais rien vu de tel.
C’était complètement fou. Ensemble, nous totalisons 53 saisons dans la LNH en plus de nos années comme amateurs, analystes ou dirigeants. Même Jake Allen, qui en est à sa dixième saison dans le circuit Bettman, a avoué qu’il n’avait jamais vu une première période aussi folle.
Le gardien des Panthers, Sergei Bobrovsky, n’a pas été très brillant devant son filet en cédant trois fois sur les trois premiers tirs du CH, mais comment expliquer une telle débandade du Canadien en seulement 20 minutes ?
La nature humaine
Je n’ai pas de réponse formelle, mais peut-être un indice. Lorsqu’une équipe profite d’une journée de congé à son arrivée en Floride, les joueurs ont tendance à se relâcher. Tu loges dans un hôtel cinq étoiles au bord de la mer, entouré de palmiers et de piscines, sous un soleil de plomb. De plus, la veille du match se termine par un beau souper d’équipe.
Tu as un peu l’impression d’être en vacances, ne serait-ce qu’inconsciemment. Ce n’est pas une question de mauvaise volonté, mais la nature humaine est ainsi. C’est un piège qui guette toutes les équipes, même celles qui sont en pleine course aux séries.
Comme gardien de but, tu sais que tu dois être prêt dès la mise au jeu initiale, dans ces circonstances. Tu dois faire les gros arrêts en début de match en attendant que tes coéquipiers se réveillent. Malheureusement, Samuel Montembeault n’a pas fait le travail et il a subi le crochet après trois buts rapides.
Même si le Canadien était encore dans le match à 2-3, le vétéran Allen n’a pas stoppé l’hémorragie et il a alloué quatre buts en fin de première, plus deux autres en début de deuxième pour porter la marque à 9-4, à mi-chemin dans la rencontre. Allen connaît le tabac et il se devait d’être prêt, mais il a cédé six buts en relève, après les six contre l’Avalanche, lundi.
Preuve de caractère
Vous me direz qu’il n’y a pas eu grand-chose de positif dans cette défaite de 9-5 contre les Panthers, mais j’ai aimé la seconde présence de Montembeault, qui n’a rien donné à son retour devant le filet en deuxième et en troisième.
Il a fait preuve de caractère et Martin St-Louis a eu raison de lui donner le départ à Tampa. Habituellement, lorsqu’un gardien du statut de Montembeault subit le crochet, il reste sur le banc au match suivant, mais St-Louis a fait exception, et avec raison. Allen ne méritait pas le départ à Tampa après avoir alloué 12 buts en deux matchs.
Et Montembeault a bien répondu, donnant une chance aux siens de gagner. Il mérite de jouer davantage d’ici la fin de la saison. Il a démontré plus de chien qu’Allen, et à mon avis, il est en avance sur ce dernier.
Sous la loupe
Il ne reste que 12 matchs à écouler et certains joueurs sont peut-être davantage sous la loupe de l’état-major qu’ils ne le croient. Plusieurs jouent leur avenir chez le CH, et peut-être même dans la LNH. Douze matchs, ça peut être long lorsque ton équipe est éliminée, mais il faut au moins démontrer qu’on a l’équipe à cœur et qu’on veut faire partie de la solution.
Il faut que chacun fasse tout en son pouvoir pour laisser une bonne impression d’ici la fin des émissions, le 13 avril.
– Propos recueillis par Gilles Moffet
Entrefilets
Le retard de Drouin
Quand les choses vont mal, ce n’est pas le temps d’arriver en retard à une réunion d’équipe. Martin St-Louis s’est assuré que Jonathan Drouin comprenne bien ce message. Comme il l’a dit, certaines choses ne sont pas négociables et Drouin a passé les 60 minutes sur le banc. Ce ne sont pas tous les entraîneurs qui auraient fait ça. C’est ainsi qu’on passe un message, et non comme Bruce Boudreau, qui a eu l’air fou un soir, à Washington. Le défenseur Mike Green avait raté l’entraînement matinal un jour de match. Il était arrivé à l’aréna lorsqu’on sortait de la douche. Malgré ça, Boudreau lui a donné son temps de jeu habituel en plus du jeu de puissance.
Le contraste floridien
L’intronisation au Temple de la renommée du Lightning de Martin St-Louis, Vincent Lecavalier et Phil Esposito m’a fait réaliser à quel point il y a un monde de différence entre cette organisation et celle des Panthers, qui sont arrivés un an plus tard en 1993. La direction des Panthers a souvent été tout croche, alors que chez le Lightning, on a réussi à gagner trois coupes Stanley dans deux cycles différents assez rapprochés. C’est pour ça que le Lightning a une base solide de partisans, alors que les Panthers laissent les gens locaux plutôt indifférents et sans attentes.
Stéphane Robidas
J’ai eu la chance d’aller prendre un lunch avec mon ancien coéquipier et cochambreur Stéphane Robidas, la semaine dernière. Je peux vous dire que c’est un grand passionné et qu’il aime beaucoup le groupe de défenseurs qu’il a sous la main. L’embaucher comme entraîneur des arrières fut l’un des bons coups de Kent Hugues. Comme tout le monde, Robidas voit le potentiel énorme de Kaiden Guhle, mais il m’a dit à quel point il est impressionné par David Savard, un défenseur mésestimé.
Devon Levi
Malgré toutes leurs erreurs dans leur gestion des gardiens de but, les Sabres de Buffalo ont peut-être fait un bon coup avec la mise sous contrat du portier québécois Devon Levi. J’espère qu’ils vont le faire jouer d’ici la fin de la saison, mais il devrait jouer dans la Ligue américaine la saison prochaine.