/news/currentevents

«Les locataires ont des droits»: ils ont gain de cause après six ans de lutte contre leur propriétaire

Déclaré plaideur quérulent, il multipliait les procédures judiciaires

GEN - OLIVIER GRONDIN ET ÉMANUELLE PARENT-CÔTÉ
PHOTO MARTIN ALARIE Olivier Grondin et sa conjointe, Emanuelle Parent-Côté, se battent depuis 2017 devant le Tribunal administratif du logement avec leur propriétaire.

Coup d'oeil sur cet article

Des locataires montréalais en litige avec leur propriétaire, qui souhaite les évincer depuis 2017, ont finalement eu gain de cause en faisant déclarer quérulent l’homme qui ne pourra plus s’adresser au Tribunal administratif du logement (TAL).

• À lire aussi - En attente pour un logement social depuis 5 ans, cette famille est sur le point d’être évincée

• À lire aussi - Crise du logement: les proprios ont le gros bout du bâton et ils le savent

«J’ai encore de la difficulté à y croire. Ça fait depuis 2017 que le proprio est parti en guerre contre nous», lance Olivier Grondin. Après 27 demandes devant le TAL et 48 audiences, M. Grondin et sa conjointe croient voir la lumière au bout du tunnel.  

À l’époque, alors étudiants, ils avaient loué un appartement de la rue Chambord sur Le Plateau présenté comme un logement de six chambres. Sauf que les locataires se sont vite rendu compte que le sous-sol, où il devait y avoir trois chambres, était inhabitable.  

La Ville a ensuite déclaré le sous-sol insalubre et les locataires se sont adressés au TAL pour faire baisser le loyer mensuel du logement amputé de trois chambres. «On était supposé être six», explique Olivier Grondin. 

  • Écoutez l'entrevue avec Olivier Grondin à l’émission de Yasmine Abdelfadel diffusée chaque jour en direct 14 h 15 via QUB radio : 

Pluie de procédures

Le propriétaire du bloc, Claude Dominique, qui possède un parc immobilier de 43 logements, a alors enchaîné les procédures devant le TAL, mais aussi devant la Cour du Québec et même devant la Cour suprême du Canada pour tenter d’évincer Oliver Grondin et Emanuelle Parent-Côté.  

Détenteur d’une maîtrise en droit, le locataire a refusé de se laisser faire, répliquant à chacune des demandes des avocats de Claude Dominique par des arguments de droit. «À moment donné, il faut que quelqu’un tienne son bout. Tu ne peux pas faire ça, abuser de ton pouvoir», explique Olivier Grondin.  

GEN - OLIVIER GRONDIN ET ÉMANUELLE PARENT-CÔTÉ
PHOTO MARTIN ALARIE

Malgré le litige interminable, le couple qui a maintenant un enfant refuse obstinément de quitter son logement et le quartier qu’il aime. Six ans plus tard, Oliver Grondin et Emanuelle Parent-Côté admettent aussi que le conflit dépasse leur situation personnelle et souhaitent que le litige serve aux locataires victimes de rénovictions ou de hausses injustifiées par exemple. 

«Il y a un aspect social, faire œuvre utile. Oui, pour moi, il y a cette composante-là», explique-t-il.  

Lourd à porter

Reste que ce long combat est lourd à porter. «C’est épuisant. Je ne sais pas où j’ai trouvé l’énergie pour gérer toutes ces procédures», admet le locataire. D’autant plus que son adversaire est toujours le propriétaire de sa résidence.  

«C’est tough à gérer comme dynamique parce que c’est chez vous», explique Olivier, qui a l’impression de ne pas avoir d’endroit où se réfugier.  

Le couple a toutefois eu gain de cause il y a quelques jours lorsque le propriétaire Claude Dominique a été déclaré plaideur quérulent. C’est donc dire qu’il lui est désormais interdit de déposer une nouvelle procédure devant le TAL contre les locataires. 

Le juge de la Cour supérieure a souligné le «caractère opiniâtre» du propriétaire pour faire valoir sa décision. «J’ai raison. J’ai raison depuis 2017, j’ai raison», avait répondu le propriétaire au juge. 

Olivier et sa conjointe ne sont pas au bout de leur peine puisque le débat initial de 2017 n’est toujours pas réglé, mais ils espèrent que leur combat servira tout de même aux éventuels locataires floués. «Les locataires ont des droits et il faut les faire respecter», plaident-ils. 

Depuis leur victoire, le propriétaire a mis le triplex en vente. Son avocat ne nous a pas rappelés.  

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.