Inspiré par Copenhague: le maire Marchand veut séduire la jeunesse avec le transport
Coup d'oeil sur cet article
COPENHAGUE | Dévitalisée il y a 50 ans, la ville de Copenhague a opéré avec succès un virage majeur pour ramener les jeunes et les familles en offrant des infrastructures de transport durable. Bruno Marchand fait le pari que Québec, dont la population vieillit, peut aussi relever ce défi.
Dans les années 70, Monica Magnussen, qui travaille aujourd’hui pour la Ville de Copenhague comme chef des relations internationales, aurait été surprise de voir des touristes arpenter les rues de la capitale danoise. Il n’y avait rien à voir, expose-t-elle très franchement.
Le territoire autrefois industriel était alors déserté, le taux d’emploi très bas, et la ville très peu attirante.
Ce n’est pas le cas de Québec, où l’économie se porte bien, où le taux de chômage est très bas, et où la ville est magnifique. Mais comme Copenhague en 1970, l’offre en matière de transport durable (vélo, piéton, transport collectif) est vraiment très pauvre comparativement aux villes de même taille au Canada.
Or la première question que les gens posent, quand Québec International tente de les attirer vers Québec, est toujours la même. «Ils veulent savoir comment on se déplace à Québec, c’est un critère qui est vraiment très déterminant», confirme Carl Viel, président et directeur général de Québec International, qui participe à la mission dans les pays nordiques.
Plans ambitieux
Dans le cas de Copenhague, tout a bien changé grâce à des plans ambitieux. La ville attire les jeunes familles, si bien que sa population a aujourd’hui 36 ans en moyenne, comparativement à 44 ans pour Québec.
La capitale danoise est devenue championne de la mobilité durable et capitale mondiale du vélo, avec 75% des déplacements qui d’ici deux ans se feront à pied, à vélo ou en transport public.
Copenhague aménage aussi selon la règle où la vie urbaine passe en premier, devant l’espace urbain et les édifices. Elle a aussi son «plan climat», dont l’objectif consiste notamment à réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre, de même que celles de ses résidents, d’ici 2035. Déjà, depuis 2010, ces émissions de CO2 ont diminué de 72%.
Pour ce faire, on retirera notamment 600 espaces de stationnement public pour y aménager des espaces verts, des pistes cyclables et des allées piétonnes. C’est aussi ce que fera Québec avec l’aménagement du tramway.
Québec part de loin
Pour aller dans le même sens, Québec a donc certainement avantage à adopter des plans et à se fixer des objectifs, ce sur quoi Bruno Marchand devra continuer à travailler à son retour.
Québec part toutefois de loin, comme je l’ai fait remarquer au maire hier, qui en convient. «Mais je pense qu’on n’est pas si loin que ça pour avoir des résultats, dit Bruno Marchand. Je pense qu’à partir du moment où on est capable de faire en sorte d’entretenir, d’offrir aux gens des moyens de se déplacer qui sont confortables et sécuritaires, je pense que tout d’un coup, il y a un mouvement qui se crée et qui fait une différence.»
Le maire estime que «les gens de Québec sont plus prêts qu’on le pense, mais qu’ils ont besoin d’infrastructures, qu’on priorise, que ceux qui se déplacent de cette façon aient les infrastructures nécessaires et sécuritaires pour pouvoir le faire».
Encore là, l’exemple de Copenhague tend à lui donner raison, démontrant que les gens utilisent les infrastructures quand ils en constatent les avantages.
Une enquête effectuée par la Ville en 2022 démontre en effet que la principale raison qui motive les citoyens à utiliser le vélo pour se déplacer est qu’il s’agit d’un moyen rapide (59%), efficace (50%). Les gens qui le font pour l’environnement ne comptent que pour 20%.
Personnes âgées
Le maire de Québec réfléchit par ailleurs à des moyens de garder les gens le plus longtemps possible à la maison, ce qui l’a mené à assister à une présentation du Center for Healthy Aging de l’Université de Copenhague, vendredi.
Il s’agit d’un important défi, qui implique que les villes conçoivent des environnements qui permettent de se déplacer de manière sécuritaire et d’accéder à des services de proximité. «Ce n’est pas tout d’offrir des aménagements de transport, les gens doivent avoir des destinations», a souligné vendredi Christian Savard, directeur général de Vivre en ville.
Au Québec, on ne se préoccupe pas assez de construire des villes qui permettent cela, selon Bruno Marchand. Il aimerait que villes et gouvernement du Québec travaillent davantage ensemble pour réfléchir à cet enjeu, dont l’importance a été soulignée à grands traits durant la pandémie.
Le modèle danois ratisse cependant très large en matière de compétences municipales en santé. Et même avec des ressources, les défis sont grands, et on cherche des solutions. Le maire devra choisir ses combats.