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Olivier Primeau mise sur l’eau pour s’enrichir et invite Québec à l’imiter

Mais, il souhaite surtout que cette ressource nous appartienne enfin collectivement

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Photo fournie par Olivier Primeau Olivier Primeau juge aberrant le fait qu’il a pu acheter, en septembre dernier, une ressource naturelle « qui n’a jamais été protégée ».

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Propriétaire de 36 % du volume d’eau sous permis au Québec depuis moins d’un an, Olivier Primeau invite le gouvernement Legault à se réveiller. « Tout le monde dormirait mieux si l’eau nous appartenait collectivement », dit-il.

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L’entrepreneur lance ce message inusité alors que le 22 mars, journée internationale de l’eau, a passé sans que Québec bouge. Il l’a aussi fait à QUB radio mercredi.

 François Legault avait pourtant promis dès décembre dernier un projet de loi « sur la protection de l’eau » pour les six premiers mois de 2023.

Depuis, plus rien. Silence radio. 

«Ce n’est pas acceptable», avait alors dit le premier ministre au sujet des 811 milliards de litres d’eau prélevés au Québec en 2021 pour des redevances de moins de 3 millions $.

Olivier Primeau, lui, constate l’intérêt des investisseurs pour l’or bleu depuis son achat de Dominion Water Reserves en septembre 2022. L’entreprise a depuis changé de nom pour Prime, surnom d’enfance de l’entrepreneur. 

«On est passé de 200 à 2000 actionnaires et même si on est un penny stock qui n’a aucun revenu, il y a beaucoup de monde qui gage sur l’eau», lance-t-il en entrevue téléphonique. 

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Toujours pas de loi

Transigée en Bourse, l’entreprise possède six permis de captage des eaux souterraines délivrés par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec (MELCC) pour un total de 36 % du volume d’eau du Québec.

Sa capitalisation boursière est de 20 millions $. Pour l’instant, Prime ne capte pas d’eau et n’a pas le projet de le faire de sitôt. 

Son propriétaire juge tout de même que c’est «irréaliste» d’avoir pu acheter une ressource naturelle «qui n’a jamais été protégée».

«Ce sont des entreprises privées qui possèdent les permis. Est-ce qu’Investissement Québec ou la Caisse de dépôt pourrait au moins investir dans la ressource pour que ce soit les Québécois qui la contrôlent et en profitent?» demande-t-il.

Olivier Primeau invite donc le gouvernement à s’asseoir avec lui pour en discuter. 

Rébecca Pétrin, directrice générale de l’organisme Eau Secours, est plutôt d’accord.

«On ne peut laisser notre eau entre les mains de ceux qui ont des ressources financières», s’exclame-t-elle. 

Les permis de captation devraient venir avec des règles strictes, dit-elle, ce qui n’est pas le cas pour l’instant. 

Eau Secours attend par ailleurs le projet de loi de Québec de pied ferme. 

«On doit absolument avoir le contrôle sur qui prélève de l’eau et pour quelles affectations», insiste Mme Pétrin. 

Au Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), on constate aussi que «l’eau est clairement considérée comme une ressource économique par de nombreux acteurs». 

«Il y a une privatisation inquiétante», selon Marc Bishai, avocat au CQDE. D’où l’importance de la nouvelle loi, qu’il dit attendre «avec beaucoup d’impatience et de plus en plus d’inquiétude».

Au cabinet du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, on répond qu’elle sera déposée «dans les prochaines semaines», sans donner plus de détails.

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