Visite officielle: Joe Biden lance un message d’unité aux Canadiens
Coup d'oeil sur cet article
Joe Biden a lancé un message d’unité au Canada lors de sa toute première visite officielle au pays, marquée par l’urgence de renforcer nos défenses communes et de resserrer nos liens économiques face à un monde sous haute tension.
• À lire aussi: Biden assure que la Chine «n’a pas livré» à ce stade d’armes à la Russie
• À lire aussi: Fermeture du chemin Roxham: «C’est une belle victoire pour le Québec», dit François Legault
• À lire aussi: Fermeture du chemin à minuit ce soir: pas de ruée vers Roxham pour le moment
« Les Américains et les Canadiens sont deux peuples, deux pays qui, à mes yeux, partagent le même cœur. C’est un lien personnel », a lancé Joe Biden sous les applaudissements de la Chambre des communes.
C’était la toute première adresse d’un président américain au parlement canadien depuis celle de Barack Obama, il y a six ans.
M. Biden a ouvert son allocution d’une demi-heure avec un « Bonjour Canada ! » en français, avant de se lancer dans une attaque contre les Leafs de Toronto.
« Après quatre ans de français à l’école, la première fois que j’ai essayé de faire un discours en français, on a ri de moi », a blagué le président, suscitant des rires enthousiastes.
Un large pan du discours était axé sur l’économie et le commerce, et surtout sur l’avenir énergétique du continent. Un avenir rempli de « possibilités » où nos deux pays seront de plus en plus « imbriqués », a insisté le président.
« Je crois que nous avons une incroyable opportunité ensemble. Le Canada et les États-Unis peuvent s’approvisionner ici en Amérique du Nord avec tout ce dont nous avons besoin pour construire une chaîne d’approvisionnement résiliente », a dit M. Biden, qui a évoqué dans son discours la plus grande usine d’assemblage de semi-conducteurs du continent, située à Bromont, au Québec.
Renforcer nos défenses
Ces questions sont chères aux deux hommes et constituent un sujet d’échange récurrent entre nos deux nations. Mais cette fois, la guerre menée par la Russie en Ukraine et l’attitude belliqueuse de la Chine ont imposé la sécurité et la défense à l’ordre du jour.
Dans son allocution d’introduction, le premier ministre Trudeau a insisté sur la « gravité » de notre époque qui réclame que nos deux pays cherchent des solutions « côte à côte » et renforcent davantage leur alliance.
« Monsieur le Président, vous êtes un véritable ami du Canada, et cela compte plus que jamais en ce moment crucial, a-t-il déclaré. Les gens ont besoin que nous agissions stratégiquement et avec urgence. »
Il a ajouté que « les changements climatiques, l’inflation, la guerre, les pénuries d’énergie, l’ingérence étrangère et la désinformation sont interreliés ».
- Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Donald Cuccioletta, spécialiste de la politique américaine sur QUB radio :
Les deux hommes ont réaffirmé leur soutien indéfectible au peuple ukrainien.
« Aujourd’hui, réaffirmons encore une fois que nous tiendrons haut le flambeau de la liberté et que nous soutiendrons le peuple ukrainien », a prononcé le président Biden.
« Nous ne pouvons pas abandonner les proches de Natalia », a déclaré Justin Trudeau, en référence à une immigrante ukrainienne dans les gradins nommée Natalia, arrivée au pays il y a dix ans.
Une réception en l’honneur de la visite du président américain est prévue en soirée vendredi. Joe Biden et son entourage prendront la direction de Washington avant demain.
L’ombre de la Chine
Bien que les deux hommes n’aient que vaguement mentionné la Chine et l’ingérence étrangère dans leur allocution, l’ombre de l’Empire du Milieu était bien présente dans la salle.
Les « deux Michael » – Michael Spavor et Michael Kovrig – étaient présents dans la Chambre des communes et ont reçu pas moins que quatre ovations debout. Tous deux ont été emprisonnés par le régime chinois en 2018 puis relâchés en 2021, en représailles à l’arrestation ici de la directrice financière de Huaweï, Meng Wanzhou.
« Nos citoyens ne sont pas une monnaie d’échange. Ils ne sont pas un levier diplomatique », a dit M. Biden en saluant les deux hommes.
Des radars et des avions
Sous la pression des Américains, qui estiment que l’Amérique du Nord est à risque d’une attaque imminente de missiles, Ottawa signale qu’elle appuiera sur l’accélérateur pour renforcer nos défenses.
Le gouvernement Trudeau investira 7,3 millions de dollars pour construire de nouvelles infrastructures afin d’accueillir la nouvelle flotte de 88 avions de chasse F-35. Les premiers chasseurs sont attendus dès 2026 et les derniers en 2032. En janvier, la Défense nationale avait déjà indiqué que les bases militaires de Bagotville, au Québec, et de Cold Lake, en Alberta, seraient modernisées pour accueillir ses avions.
En parallèle, un système d’alerte rapide et de suivi des menaces, le radar transhorizon dans l’Arctique, sera installé dans le sud de l’Ontario. Il s’ajoute à un futur système qui sera basé dans l’Extrême-Arctique canadien. Le gouvernement n’a cependant pas précisé quand ces systèmes seront installés et opérationnels.
Un chèque pour Haïti
Alors que Washington demandait que le Canada prenne les commandes d’une force d’intervention internationale en Haïti, Ottawa préfère débloquer 100 millions $ supplémentaires pour équiper et former la police locale. L’objectif est de l’aider à prendre le dessus sur les gangs armés qui contrôlent une partie de l’île et terrorisent la population.
Face à la pression américaine, le Canada continue de privilégier « une solution par et pour les Haïtiens ». L’enveloppe annoncée vendredi s’ajoute aux 98 millions $ déjà prévus pour 2022-2023 et aux 2 milliards $ déjà versés à l’île depuis 2010.
Le président Biden a souligné qu’une intervention militaire n’est pas exclue, mais qu’elle devra s’organiser en consultation avec les Nations Unies et le gouvernement haïtien.
En attendant, le Canada ajoute deux oligarques haïtiens à sa liste de maintenant 19 membres de l’élite locale sanctionnés pour leur soutien aux troubles.
Des personnalités au rendez-vous
Des politiciens, des musiciens et des personnalités canadiennes se sont joints à Joe Biden et Justin Trudeau lors d’une réception qui se tenait hier soir au Musée de l’Aviation et de l’espace à Ottawa.
Les « deux Michael », des consultants canadiens emprisonnés par le régime chinois, devaient prendre place à leurs côtés.
La soirée devait débuter avec des chants de gorge inuit et des tambours des Premières Nations pour accueillir les invités.
Charlotte Cardin allait interpréter durant le souper une chanson, nommée Next to You, qui se trouvera sur son prochain album, ainsi que la chanson Hallelujah de Léonard Cohen.
De nombreux acteurs du milieu économique étaient sur la liste des invités, incluant Patricia Gauthier, DG de Moderna au Canada, et Marc-André Blanchard, vice-président et chef mondial de l’investissement de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
D’anciens ambassadeurs canadiens et américains, ainsi que tous les membres du conseil consultatif de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ontconfirmé leur présence.
Se sont joints aussi à eux pour casser la croûte :
- Jean Chrétien, ancien premier ministre du Canada.
- Joe Clark, ancien premier ministre du Canada.
- Charles Lafortune, animateur et acteur québécois.
- Gregory Charles, auteur-compositeur-interprète québécois.
- Nathalie Provost, PolySeSouvient.
- Ben Proudfoot, cinéaste canadien et réalisateur primé aux Oscars.
- Lana Payne, présidente du syndicat UNIFOR.