Appel à interdire les Airbnb pour mettre fin au «Far West»
Des voix s’élèvent pour réclamer une abolition des plateformes de location à court terme
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Réguler l’hébergement touristique de courte durée est si difficile que certains croient qu’il est temps d’interdire les plateformes comme Airbnb pour mettre fin au Far West.
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« Après toutes les tentatives de bien réglementer et contrôler, il est temps de dire que ça ne fonctionne pas, plaide le conseiller municipal dans le Sud-Ouest à Montréal, Craig Sauvé. Il faut dire à Airbnb et aux autres plateformes, VRBO, toute la gang, c’est assez. »
Bruit, déchets, pertes de logements, les doléances contre la location à court terme d’habitations sont connues depuis plus de 10 ans.
Mais l’incendie survenu la semaine dernière dans un Airbnb illégal du Vieux-Montréal a remis de l’avant les failles du système de contrôle de Québec et des villes.
« Il n’y a pas beaucoup de choses qui sont autant dans l’illégalité et qu’on tolère », souligne le porte-parole du Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Cédric Dussault, qui appelle aussi à l’interdiction de ces plateformes.
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Des amendes
La ministre du Tourisme du Québec, Caroline Proulx, a annoncé lundi qu’elle imposerait des amendes aux plateformes comme Airbnb.
Depuis 2020, seuls les hôtes qui n’affichaient pas leur numéro d’enregistrement du ministère dans leurs annonces s’exposaient à des sanctions.
Hier, Airbnb a annoncé qu’elle retirerait de sa plateforme toutes les annonces illégales.
« C’est un pas dans la bonne direction, mais je reste assez sceptique, affirme Craig Sauvé. Il y a une tonne de compagnies et j’ai un peu perdu confiance qu’elles vont s’autoréguler. »
Cédric Dussault croit qu’il y aura encore des problèmes, malgré ces nouvelles mesures
« Il y a quand même des gens qui perdront leur logement, parce qu’à beaucoup d’endroits la réglementation le permet », dit-il.
Un foutoir
Depuis des années, contrôler les résidences de tourismes illégales est une mission quasi impossible.
Dans des tours à condos, certains prennent les grands moyens pour contourner les interdictions.
L’ex-responsable du dossier dans l’administration Plante, Richard Ryan, rappelle la complexité juridique de la chose.
« Les inspecteurs municipaux ne peuvent pas juste dire : “On a trouvé une annonce”. Il faut prendre une carte de crédit et faire une transaction pour amener ça en cour », explique-t-il
Selon M. Ryan, c’est beaucoup de ressources pour des « petites tapes sur les doigts » de 1000 $ ou 2000 $ d’amendes.
« Ça a été testé sur le Plateau il y a 10 ans, mais ça n’a jamais marché. Si l’action illégale a cessé, le juge ne va pas condamner », affirme-t-il.