Budget Freeland: dans le rouge pour du vert pâle
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OTTAWA | Le jour allait toujours arriver où les dépenses pharaoniques du gouvernement Trudeau allait le rattraper. Au moment où il en aurait le plus besoin, ses choix seraient sévèrement limités.
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Ce jour est arrivé.
Menottée par ses obligations financières et politiques, par un climat économique incertain, la ministre des Finances n’a plus les moyens de ses ambitions.
Chrystia Freeland vante sa rigueur budgétaire.
Pourtant, elle réussit à dépenser 43 G$ sur 5 ans, malgré des recettes en baisse. Ses hypothétiques économies dans la gestion des voyages et des consultants fédéraux ne feront pas le poids.
Le déficit se creuse. Encore.
La morale de l’histoire: le gouvernement Trudeau est toujours aux prises avec son problème de panier percé. Or, c’est la prospérité économique future du Canada qui risque d’en faire les frais.
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Les menottes
Rappelez-vous la promesse du «Bâtir en mieux» en pleine pandémie. Tous les rêves étaient permis, emprunter ne coûtait rien!
Entre son budget de 2021 et sa mise à jour économique cet automne-là, le gouvernement Trudeau avait engagé pour 215 G$ de dépenses supplémentaires jusqu’en 2026.
Ces milliards de la pandémie, ce «on est là pour vous», on les paie encore. Mais ils ne suffisent plus. Les défis ont changé.
Depuis sa réélection en 2021, le gouvernement Trudeau savait bien qu’il devrait dépenser des milliards en santé pour les provinces. Il n’a jamais mis l’argent de côté. Aujourd’hui, il faut le payer.
En signant son entente avec le NPD, les coûts réels d’une assurance dentaire nationale ont été sous-estimés. Voilà 7 G$ de plus que prévu à dépenser pour acheter la loyauté de Jagmeet Singh et éviter des élections.
Chrystia Freeland répète depuis un an vouloir conserver ses munitions, mais ce budget révèle qu’elle en est déjà à court.
David contre Goliath
Ce budget avait UNE priorité sur le front économique, soit de répondre au Inflation Reduction Act, ce vaste plan industriel pour financer le virage des technologies vertes aux États-Unis.
C’est timidement que Chrystia Freeland y parvient, par la peau des dents.
En offrant 18 G$ en crédit d’impôt pour les technologies propres et surtout la filière électrique, Ottawa espère ainsi stimuler les investissements ici au pays. Même Hydro-Québec pourrait en sortir gagnant, promet-on.
Bonne idée, mais est-ce que ça fera le poids face aux 400 G$ prévus au sud de la frontière?
Peut-être. Le gouvernement l’espère certainement.
N’empêche, soudainement, il aurait bien besoin des milliards saupoudrés en 2021 dans des dizaines de programmes d’innovation disparates pour plaire à tout le monde. Il aurait bien besoin des centaines de millions engloutis dans ses projets progressistes comme les programmes d’entrepreneuriat noir ou féminin.
Car il est clair que si Ottawa avait davantage de marge de manœuvre, sa réponse aurait été plus généreuse, plus ingénieuse, plus audacieuse.
La ministre des Finances vante son budget comme offrant des «investissements importants et nécessaires». Le problème, c’est qu’il aurait pu être plus percutant. Mais pour ça, il aurait fallu faire preuve de plus de discipline dans le passé.