Écartée de son poste durant son congé de maternité: le ministre Lacombe ne veut pas s’en mêler
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Le ministre Mathieu Lacombe n’a pas l’intention d’intervenir au profit d’une cadre de son ministère, qui a été écartée de son poste durant son congé de maternité.
«C’est un dossier essentiellement administratif, donc au niveau politique, je ne m’en mêlerai pas», a tranché mardi le ministre de la Culture et des Communications.
Une de ses gestionnaires dénonce pourtant haut et fort l’indifférence des politiciens, alors que les femmes voulant fonder une famille doivent mener un combat pour faire respecter leurs droits dans la fonction publique.
Directrice des infrastructures et des immobilisations au ministère de la Culture et des Communications, Pascale Demers ne se doute pas qu’elle ne réintégrera jamais ses fonctions lorsqu’elle quitte en janvier 2019, alors enceinte de son deuxième garçon. Mais au beau milieu de son congé de maternité, elle disparaît de l’organigramme du ministère. On lui retire son poste «pour assurer la continuité des dossiers».
Le ministre Lacombe a admis mardi que la professionnelle en question, désormais directrice du Bureau de projet des Espaces bleus, «est compétente» et «fait bien son travail».
«Je vais laisser le processus suivre son cours, d’autant que je comprends que la professionnelle a entrepris des recours et je l’encourage à continuer si elle pense qu’elle a été brimée dans ses droits», a-t-il insisté, en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.
L'État doit être exemplaire
Mais pour l’opposition, l’État, le plus employeur au Québec, doit être exemplaire en matière de droit des femmes.
«C'est à lui à donner l'exemple, à montrer aux employeurs comment on doit se comporter, estime le chef parlementaire solidaire Gabriel Nadeau-Dubois. De toute évidence, dans cette histoire-là, il y a une femme qui se sent lésée. Ça me dérange».
Le chef intérimaire libéral Marc Tanguay y voit une malheureuse régression. «C’est comme si on était 20 ans ou 30 ans en arrière!» Il rappelle que la loi prévoit qu’une employée a droit à un congé de maternité, sans perdre ses avantages.
Sa collègue, la députée libérale Michelle Setlakwe, est secouée par l’histoire de Pascale Demers. «On est en 2023, moi, je suis une femme, je suis une mère de trois enfants et puis je trouve ça choquant», a-t-elle renchéri.
Le péquiste Pascal Bérubé souligne pour sa part que les ministres du gouvernement sont responsables ultimement de ce qui se passe dans leur ministère. «C’est une très mauvaise image, un manque de sensibilité. Les fonctionnaires sont importants au Québec».