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Loi sur le travail des jeunes: «On va devoir les congédier sans raison»

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Des restaurateurs grincent des dents après avoir appris qu’ils risquent de devoir congédier des employés à la suite du dépôt du nouveau projet de loi encadrant le travail des jeunes, alors que des parents déplorent une ingérence inappropriée.

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«C’est triste pour [les jeunes] qui voulaient travailler pour se faire un peu de sous et ça devient un casse-tête pour nous. On n’en a pas de CV d’adultes qui veulent travailler temps plein!» peste Catherine Bergeron, propriétaire du Yuzu Sushi Beauport-Nord, à Québec.

Le ministre du Travail Jean Boulet dépose mardi son projet de loi qui empêchera les jeunes de moins de 14 ans d’occuper un emploi, et qui limitera à 10 le nombre d’heures de travail en semaine pour les 14 à 16 ans.

Pour Mme Bergeron, qui emploie des jeunes de 13 ans depuis des années, c’est tout un problème qui se profile à l’horizon, alors que la pénurie de main-d’œuvre frappe déjà lourdement l’industrie.

«On prend le temps de les former, ils font un travail impeccable, mais on va devoir les congédier sans raison. On a déjà de la misère à arriver avec le peu d’employés qu’on a», déplore sa gérante, Jessica Beaudoin-Maltais.

D’autres chaînes de restauration, comme Benny & Co., ont indiqué qu’elles se conformeraient à la nouvelle loi si elle devait être adoptée, comme celle-ci ne les affecte pas particulièrement.

  • Écoutez l'entrevue de Martin Vézina, Vice-président aux affaires publiques et gouvernementales à l'Association Restauration Québec au micro de Philippe-Vincent Foisy, disponible en balado au QUB radio

Un atout pour grandir

Mélanie Dumont-Lévesque, maman d’un jeune adolescent qui a commencé à travailler dans un Tim Hortons de Cowansville à l’âge de 13 ans, s’oppose aussi au projet de loi proposé par la CAQ.

«On va enlever aux jeunes un atout qui leur permet de devenir plus autonomes et de sortir de l’isolement, alors qu’on n’arrête pas de se plaindre qu’ils sont toujours sur leurs écrans», déplore-t-elle.

Lors d’un reportage sur les jeunes au travail en février dernier, Mme Dumont-Lévesque avait confié au Journal que son garçon Elyot avait grandi grâce à son petit boulot, tout en étant valorisé et en gagnant de la confiance en lui.

«C’est le genre de décision qui devrait être prise au sein de la parentalité, dans un accord entre le parent et l’enfant. Le gouvernement ne devrait pas avoir à s’ingérer là-dedans», lance-t-elle.

Un impact négatif

Selon l’Association Restauration Québec, les jeunes de 12 à 14 ans représentent une bonne partie des travailleurs des exploitants, surtout en région.

« On a une certaine déception. Il n’y a aucune possibilité pour un jeune de 14 ans et moins de travailler dans l’industrie. Dans un sondage interne de 250 répondants, le tiers ont mentionné qu’ils faisaient travailler des jeunes de moins de 14 ans pour une moyenne de 7 heures. Ils vont devoir les couper et il y aura un impact », explique Martin Vézina, vice-président, affaires publiques et gouvernementales, à l’ARQ.

- avec la collaboration de Jean-François Racine

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