Un quota de musique autochtone réclamé
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Des Innus réclament, dans un mémoire déposé au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), un quota de diffusion de 5 % de musique autochtone dans les radios du Canada
La démarche est appuyée par des leaders et artistes innues, dont l’auteur Florent Vollant, un des rares artistes à avoir réussi à faire sa marque dans un univers musical essentiellement francophone et anglophone.
«Un quota ferait en sorte qu’on en connaîtrait plus. On ne connaîtrait pas juste Florent Vollant ou Elisapie Issac ou Samian. On en connaîtrait d’autres», a-t-il fait valoir.
Le studio qu’il possède à Mani-Utenam avec son fils Mathieu McKenzie a produit un mémoire pour réclamer un quota de 5 % de musique autochtone qui s’appliquerait dans les radios au Québec et au Canada.
- Écoutez Anaïs Guertin-Lacroix parler du quota réclamé par les Innus dans sa chronique sur QUB radio :
«On ne veut pas être calculé dans le 60 % du francophone ou dans le 35 % de l’anglophone. On veut avoir notre propre quota. C’est ce qu’on réclame, ce qu’on a déposé aujourd’hui, notre mémoire, le CRTC l’a déjà en main», a indiqué Mathieu Mckenzie.
Présents à Montréal pour cette annonce, des leaders politiques innus ont appuyé la démarche, considérant les artistes comme des ambassadeurs des nations autochtones qui enrichissent les société canadiennes et québécoises.
«À notre époque, on parle beaucoup de réconciliation. On devrait aussi parler de réconciliation musicale», a souligné le chef de Uashay mak Mani-Utenam, Mike Mckenzie.
«Nos artistes méritent d’abord notre soutien et méritent également de bénéficier de tout ce que les autres sociétés bénéficient», a indiqué pour sa part le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard.
Évoquant un manque de diversité musicale sur les ondes des radios, le chanteur Émile Bilodeau, ami de plusieurs artistes innus, a défendu avec émotion la demande d’un quota.
«Je suis allochtone, je suis fâché contre ma gang. On est une industrie trop homogène. Le bien que ça peut faire ce 5 % là, vous n’avez pas idée.»
Parallèlement à la démarche pour les quotas, une réflexion a été amorcée devant la popularité de l’écoute de musique sur les plateformes de diffusion en ligne comme Spotify.
«Quand tu déposes dans ces plateformes numériques, ils te demandent de quelle langue tu es, il n’y a même pas les langues autochtones dedans. Il y a un gros travail à faire à ce niveau-là», a indiqué Mathieu Mckenzie, aussi membre du groupe Maten.
La faible proportion de musique autochtone, particulièrement dans les radios privées, est perçue comme un boycott par les auteurs du mémoire.