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Mike Pence, la couleuvre

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Aussi discret et terne puisse-t-il être, l’ancien vice-président Mike Pence est un politicien expérimenté et ambitieux. Si depuis plus de six ans il ondule entre les crises et les obstacles, évitant de rompre définitivement avec son ancien patron, il ne pourra bientôt plus se défiler. Le juge James Boasberg vient de lui ordonner de répondre devant un grand jury fédéral.

Entre opportunisme politique et manque de courage

Le jeu politique, surtout au plus haut niveau, force souvent des alliances contre nature et des compromis importants au sein d’une même formation politique. Si chez les démocrates on a vu Joe Biden collaborer avec Kamala Harris ou Bernie Sanders, chez les républicains, le tandem Trump et Pence avait de quoi étonner.

Présenté comme un conservateur et un fervent croyant, deux choses que Trump n’était pas, Pence était considéré en 2016 comme la caution morale de Trump auprès de la droite religieuse ainsi qu’un rempart contre les excès du milliardaire excentrique.

Ce qui peut surprendre ou décevoir chez Pence, c’est le nombre de fois où il a détourné le regard alors que son président bafouait les règles et la décence la plus élémentaire. On a souligné avec raison que Mike Pence a pris la bonne décision le 6 janvier 2021 quand il a refusé d’obtempérer à la demande de Trump. Au pied du mur, il a présidé la séance pendant laquelle on certifiait les résultats de l’élection.

On néglige trop souvent de préciser qu’il a été l’artisan de son propre malheur en acceptant aussi longtemps l’inacceptable, en appuyant les mensonges et la désinformation.

On a également oublié qu’avant d’accomplir son devoir le 6 janvier, il a eu besoin de consulter. C’est finalement l’ancien vice-président Dan Quayle qui lui a fait entendre raison.

Voici d’ailleurs un rappel de leur conversation tirée du livre de Bob Woodward et Robert Costa Peril: «You don’t know the position I’m in [Pence]. I do know the position you’re in, I also know what the law is. You listen to the parliamentarian. That’s all you do. You have no power [Quayle].»

Vous connaissez la suite. La démonstration de «courage» de Pence lui a valu des menaces contre sa famille et un slogan devenu tristement célèbre, «hang my Pence». Malgré cela, Pence a toujours systématiquement refusé de témoigner contre Trump, craignant de s’aliéner sa base.

Pence entre dans l’histoire

Alors qu’on lui prête des ambitions pour la présidentielle 2024, mais que sa candidature ne séduit pas les électeurs s’il faut en croire les sondages, Mike Pence s’apprête à inscrire son nom dans les livres d’histoire. Si on n’a jamais accusé un ancien président, on n’a également jamais demandé à un ancien vice-président de témoigner.

Cette fois, la couleuvre politique ne peut plus onduler. Une fois devant le grand jury, Pence devra ouvrir son jeu, et son témoignage, outre son caractère historique, revêt une grande importance pour la suite des choses.

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