Réforme Dubé: la «troisième guerre mondiale»?
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Comme le projet de loi réformant le secteur de la santé contiendra plus de mille articles, nous n’en connaissons pour le moment que les très grandes lignes.
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Ce sera «la troisième guerre mondiale», annonce l’ex-ministre libéral de la Santé Gaétan Barrette, qui applaudit à tout rompre.
M. Barrette pousse la comédie jusqu’à dire qu’il s’agit de la réforme qu’il aurait voulu faire s’il n’en avait pas été empêché par un premier ministre, Philippe Couillard, qui a « choké » (le mot est de lui).
Contraindre
Trois idées maîtresses semblent guider la réforme.
D’abord, les médecins spécialistes ne seront plus seuls maîtres de leurs horaires, devront être plus présents dans les urgences, et devront prendre en charge plus de patients dans les régions moins bien desservies.
Impossible d’être contre cela.
Notre régime n’est ni totalement privé, ni totalement public. Il est hybride.
Dans un vrai régime privé, le médecin spécialiste devrait courir derrière le patient pour être payé. Ici, la RAMQ paie. Pas de souci.
Dans un vrai régime public, il serait un fonctionnaire. Il irait pratiquer non où il le veut, mais là où on l’enverrait.
Dans notre régime, le médecin spécialiste combine la liberté de l’entrepreneur privé avec la certitude d’être payé de l’employé de l’État.
Ensuite, on réduira le pouvoir des syndicats en diminuant radicalement le nombre de conventions collectives, en centralisant les négociations, et en faisant en sorte que l’ancienneté soit transférable d’une région à l’autre, ce qui facilitera la mobilité du personnel.
C’est aussi une excellente nouvelle.
- Écoutez la chronique de Joseph Facal au micro de Philippe-Vincent Foisy, disponible en balado au QUB radio :
Il est normal que les syndicats défendent durement les acquis de travailleurs dont l’emploi est important et difficile. Ils existent pour cela.
Mais le système de santé n’est pas là pour les servir eux, mais pour servir la population.
Si l’organisation du travail convient aux syndiqués, mais pénalise les patients, il est parfaitement légitime que le gouvernement fasse passer en premier les intérêts des seconds. Il est élu par eux.
Enfin, le gouvernement dit vouloir dépolitiser la gestion du réseau.
Quand vous avez une panne de courant, est-ce que vous vous adressez au ministère de l’Énergie ?
Non, c’est à Hydro-Québec qu’on demande des comptes, même si son PDG est nommé par le gouvernement.
- Écoutez la chronique de Joseph Facal, chroniqueur au Journal de Montréal & au Journal de Québec au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio :
Rationnel
Au Québec, dans le domaine de la santé, tout remonte jusqu’au ministère de la Santé et, ultimement, jusqu’au ministre de la Santé.
Nous sommes peut-être la seule société au monde dans laquelle un ministre de la Santé a déjà été interpellé au parlement, lors de la période des questions, parce qu’une personne âgée avait subi de légères brûlures en rentrant dans le bain trop chaud préparé par le préposé aux bénéficiaires.
La gestion quotidienne sera plus rationnelle si elle est confiée à des gens qui n’ont pas l’œil rivé sur les intentions de vote des sondages.
Je ne vois pas qui, hormis des partis d’opposition qui devront faire très attention, a intérêt à ce que cette réforme ne réussisse pas.