La révolution Dubé sera-t-elle (enfin) la bonne?
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« Efficace ». Le mot est répété à satiété par le ministre de la Santé, Christian Dubé. D’où le titre coiffant son projet de loi 15 présenté hier en grande pompe : Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace.
Les Québécois en ayant soupé d’un système de plus en plus inaccessible et dysfonctionnel, en termes de communication politique, le choix du vocable est certes habile. Qui ne veut pas d’un réseau plus « efficace » ?
Avec ses 1180 articles et les 37 lois qu’il modifie – un projet de loi mammouth s’il en est un –, Christian Dubé se défend pourtant de présenter une énième « réforme » du réseau.
Il faut dire que depuis les réformes catastrophiques de l’ex-ministre libéral Gaétan Barrette, le mot est radioactif. Or, Christian Dubé propose bel et bien « sa » réforme. Pour ne pas dire « sa » révolution culturelle.
- Écoutez l'entrevue avec Christian Dubé, ministre de la Santé à l’émission de Yasmine Abdelfadel diffusée en direct via QUB radio :
Mesurer à ses résultats
L’immensité du projet de loi fait toutefois que des semaines seront nécessaires pour le décortiquer avec minutie. Le diable, comme on le sait, raffole de se cacher dans les détails.
La seule chose déjà sûre est que la justesse ou non de la révolution Dubé se mesurera uniquement à ses résultats concrets. Le reste ne sera que du vent.
Face à un réseau aussi déglingué, la commande de Christian Dubé est nette et précise. Il devra le rendre beaucoup plus humain, décentralisé, flexible, imputable et accessible. Soit tout le contraire de ce qu’il est devenu.
Patience à bout
C’est pourquoi la création éventuelle de Santé Québec, un genre de deuxième ministère de la Santé chargé à sa place de « gérer » le réseau, marquera l’échec ou la réussite de la révolution Dubé.
La patience des Québécois, peuple vieillissant et docile, est à bout. Depuis 25 ans, les gouvernements ont gravement affaibli le système public de santé par leurs vagues d’austérité et de réformes bâclées aux airs de savants fous.
D’où l’expansion continue en parallèle d’un marché lucratif de soins payants au privé. Cette expansion doit aussi être freinée. C’est une question essentielle de justice sociale et de santé publique.