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Trump au banc des accusés, c'est pour bientôt?



Le suspense perdure sur le début éventuel des procès criminels contre l’ex-président, mais les procès les plus sérieux risquent d’attendre longtemps.

Aux États-Unis, un pauvre type qui vend quelques onces de marijuana peut être arrêté, inculpé, jugé et condamné en quelques heures.

Pour un politicien milliardaire qui commet des crimes en série et au grand jour, ce n’est pas tout à fait pareil. Finira-t-on par voir Donald Trump au banc des accusés ?

Mauvais départ

La prudence des procureurs est compréhensible. Inculper au criminel un ex-président – et actuel candidat à la présidence de surcroît – serait un lourd précédent.

Les affaires en cause incluent notamment un paiement illicite à une actrice porno, une tentative de fraude électorale en Géorgie, des documents volés conservés illégalement à Mar-a-Lago et l’incitation à l’insurrection du 6 janvier 2021.

L’affaire qui risque de mener à la première inculpation semble la moins dommageable pour Trump. Même si l’ex-avocat de Trump est allé en prison pour avoir participé au paiement à Stormy Daniels, un procès intenté par l’État risquerait de finir en queue de poisson.

D’abord, il s’agit d’un crime fédéral que les procureurs fédéraux ont préféré laisser passer ; c’est mauvais signe. Ensuite, c’est un crime relativement mineur dont l’impact politique s’annonce limité. Après tout, même les évangélistes les plus zélés sont restés fidèles à Trump malgré sa liaison adultère avec une starlette porno.

Enterrer les poursuites

L’autre affaire où une inculpation semble imminente est celle de Géorgie. On a tous entendu Trump proférer des menaces au secrétaire d’État pour qu’il « trouve » 11 780 votes. La loi est claire et les faits sont irréfutables, mais l’affaire pourrait faire chou blanc.

Pendant que les avocats de Trump font tout pour retarder les procédures, la législature (républicaine) de l’État a déposé un projet de loi qui lui permettrait de congédier arbitrairement un procureur jugé « inefficace ». Personne n’est dupe. Cette loi vise avant tout à congédier la procureure démocrate chargée du procès de Trump.

N’importe qui d’autre aurait déjà été jugé et condamné, mais la justice fonctionne différemment quand l’accusé est le chef d’un culte dont les membres contrôlent le processus.

Le coup de l’horloge

Les autres cas ont une portée encore plus grande et les preuves sont tout aussi irréfutables, mais la complexité des démarches permet aux avocats de Trump d’étirer les procédures, comme une équipe de football qui laisse l’horloge tourner en fin de match.

L’affaire des documents est devenue un peu plus compliquée et moins politiquement dommageable quand Biden et Pence ont aussi été pris en faute. Quant à l’affaire du 6 janvier, où des centaines de personnes ont déjà été inculpées pour avoir suivi les ordres de Trump, la preuve est tellement complexe que les chances qu’un procès puisse aboutir avant novembre 2024 sont minimes.

Entretemps, les républicains et leurs alliés médiatiques continuent de javelliser l’épisode du 6 janvier, au point où Trump a de bonnes chances de remporter l’investiture républicaine en 2024.

Donald Trump avait dit en 2016 qu’il pourrait commettre un crime en plein jour sur la Cinquième Avenue et ses partisans continueraient de l’appuyer. Pour une des rares fois, il se peut bien qu’il ait dit la vérité.







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