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Bret Easton Ellis fasciné par les tueurs en série des années 70

Bret Easton Ellis
Photo fournie par Casey Neslon


Au cours de ces 40 dernières années, l’auteur d’American Psycho a tenté plusieurs fois d’écrire ce livre. Et il a fini par y parvenir avec éclat.

Treize ans après la publication de Suite(s) impériale(s), Bret Easton Ellis nous offre enfin un nouveau roman. 

Et quel roman ! Un pavé de plus de 600 pages qui nous permet de retrouver tout l’univers breteastonellissien avec, en trame sonore, la musique des années 1980 qui lui est si chère. Mais pourquoi nous avoir fait poireauter si longtemps ?

« J’aurais aimé ne pas avoir fait l’erreur de croire que les séries télé étaient devenues les nouveaux romans, affirme Bret Easton Ellis lors de l’entrevue qu’il nous a accordée la semaine dernière au téléphone. Je me suis mis en tête d’écrire des scénarios et quand j’ai quitté New York pour Los Angeles, j’étais persuadé que c’était ce qui allait me donner satisfaction. Du coup, j’ai enchaîné les scénarios, mais rien ne s’est vraiment concrétisé. Les planètes ne se sont pas alignées pour moi. J’étais dans un casino et je n’ai pas eu de chance... »

Et puis il y a eu la pandémie. 

Coincé chez lui sans avoir grand-chose à faire, il a commencé à penser à sa dernière année de lycée à Buckley et à ses amis de l’époque, Matt Kellner, Susan Reynolds, Thom Wright et Debbie Schaffer, qui était alors sa petite amie attitrée. 

« Je ne sais pas exactement ce qui m’a amené à me rappeler cette période de ma vie, mais ça m’a rendu nostalgique par rapport à mes 17 ans, poursuit Bret Easton Ellis. Tous ces endroits qui n’existent plus, toutes ces chansons qui me hantent... J’en ai conçu de la douleur, une impression de perte. »

Guidé par une obsession

Il faut savoir que chez lui, les romans démarrent comme ça. Avec une émotion. 

« Je suis généralement connecté à la peine, à la confusion, et pour comprendre ce qui m’arrive, pourquoi j’éprouve ces sentiments, j’ai recours aux romans, explique Bret Easton Ellis. Je n’irais pas jusqu’à dire que ce sont des thérapies, mais je suppose que c’est quand même un peu le cas puisqu’une fois le livre fini, je me sens libéré des émotions qui m’habitaient. »

Bret Easton Ellis
Photo fournie par les Éditions Robert Laffont

Ce qui se produira aussi avec Les éclats, un roman qu’il avoue n’avoir écrit que pour lui, sans se soucier un seul instant de son éditeur ou de ses lecteurs. La dédicace qu’on peut voir en page 7, « Pour personne », en est d’ailleurs la preuve.

« C’est un livre que je portais en moi depuis très longtemps, précise-t-il. J’avais déjà essayé de l’écrire vers l’âge de 18 ans, sauf que je n’avais pas la maturité et l’expérience nécessaires pour y parvenir. Par contre, j’en connaissais toute l’histoire, qui est autobiographique à 80 %. Je voulais parler de l’obsession de Bret pour ce garçon aperçu dans une salle de cinéma du Village Theater de Westwood lors de la sortie du film Shining. »

Une obsession qui sera traitée à la sauce Ellis. C’est-à-dire avec une bonne dose de suspicions et un sadique tueur en série à la clé.

Marqué par les tueurs des années 70

Donc retour à l’année 1981. Le prince Charles et Lady Diana viennent de se marier, la mode est aux chemises pastel portées avec le col relevé, MTV diffuse ses premiers vidéoclips. 

Quant à Bret et à ses amis, ils s’apprêtent à entamer leur dernière année de high school dans un très chic établissement privé de Los Angeles.

Mais cette rentrée scolaire sera marquée par deux choses qui, selon Bret, pourraient bien être liées : l’arrivée de Robert Mallory, un petit nouveau aussi beau qu’énigmatique, et les méfaits du Trawler, un meurtrier qui laissera derrière lui plusieurs jeunes cadavres atrocement mutilés.

« Dans les années 1970, en Californie, il y avait des tueurs en série partout, affirme Bret Easton Ellis. Ils étaient toujours là, en toile de fond, et je pense que c’est pour ça que je suis à ce point fasciné par eux. Lire sur Manson ou sur les étrangleurs des collines, ça fait peur et ça marque. J’en ai parlé à Quentin Tarantino, qui dit avoir également été marqué par ça dans sa jeunesse. »

Dans la grande maison de Mulholland où il vit seul en attendant le retour de voyage de ses parents, Bret sombrera ainsi peu à peu dans la paranoïa. 

Car étrangement, aucun de ses amis ne prêtera beaucoup d’attention au Trawler... même si celui-ci se rapprochera peu à peu dangereusement de leurs existences aussi dorées que les nombreux colliers de Mister T.







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