Quitter sa maison: comment aborder cette question avec nos proches vieillissants?
Au fil du temps, un proche vieillissant ou atteint d’un trouble neurocognitif (TNC) peut, pour sa santé ou sa sécurité, devoir quitter son domicile pour être hébergé en résidence ou en CHSLD. Cette décision constitue souvent un déchirement profond de même qu’une source d’anxiété et de plusieurs deuils pour l’aîné qui perd de son autonomie. Ce dernier doit aussi quitter l’endroit qui le sécurisait le plus : sa maison, son nid, son repère, ses souvenirs.
Oublier des plats sur la cuisinière, se blesser en tombant plusieurs fois, sortir dans la rue et se perdre constituent tous des comportements qui peuvent représenter un danger pour un proche âgé ou atteint d’un TNC. Une telle situation s’avère des plus complexes pour la famille et les proches aidants qui s’inquiètent de la sécurité de l’aîné et qui tentent de composer avec les risques que court un proche vieillissant, tout en voulant respecter son souhait de demeurer à domicile le plus longtemps possible. Bien que la majorité des aînés désire rester dans leur maison – souvent grâce au soutien indéfectible des proches aidants et des services de soins à domicile –, il peut arriver que des enjeux de santé ou de sécurité poussent, dans l’intérêt primordial de l’aîné, une personne âgée au déménagement en résidence ou en CHSLD.
Maintien du dialogue
Comment, alors, aborder cette question délicate avec nos parents ou grands-parents en perte d’auto-nomie ? Il nous faut tout d’abord engager la conversation avec ouver-ture, empathie et bienveillance, en reconnaissant le point de vue du proche en perte d’autonomie, tout en tâchant de bien lui expliquer et lui communiquer les risques que représente désormais le fait de rester à la maison. Il est d’autant plus important de s’entretenir avec l’aîné sur ses besoins, ses aspirations et ses préoccupations : vous pourriez vous imaginer, par exemple, que votre père tient mordicus à demeurer chez lui, alors qu’il est au contraire très fatigué de veiller à l’entretien de sa maison ou de son terrain, par exemple.
Culpabilité, stress et anxiété
Malgré toute la bienveillance dont tout le monde fait preuve, on se retrouve souvent dans une situation où l’aîné n’a pas la même perception que ses proches quant à sa perte d’auto-nomie. Cette perception, qui nous paraît souvent moins réaliste, peut être attribuable à divers facteurs, que ce soit la perte de certaines facultés de son cerveau, ou encore au fait que cette perte d’autonomie est largement compensée par le proche aidant, qui se dévoue corps et âme afin de répondre aux besoins de l’être aimé.
Lorsqu’une décision commune amène la personne âgée à quitter sa maison, le proche aidant, qui s’investissait dans le maintien à domicile, est presque toujours confronté à un fort sentiment de culpabilité, le tout en plus de devoir faire le deuil de ce que son parent ou de son conjoint a été. Cette transition engendre également son lot de chagrin, de stress et d’anxiété. Il est important de rappeler aux proches aidants que pour prendre soin de l’autre, il faut d’abord prendre soin de soi. Vous pourriez être surpris de voir les changements positifs qu’appor-tera, à moyen terme, le déménagement vers une résidence ou un CHSLD, dans la qualité de la relation et dans la sécurité de la personne que vous pourrez dorénavant chérir pleinement, tout en évitant de vous épuiser, en veillant à votre propre santé.
Pour bien accompagner un proche qui s’installe dans son nouveau lieu d’accueil, il faut ici rappeler que la présence régulière des proches demeure un facteur essentiel de protection de la personne, même si celle-ci ne nous reconnaît plus.
En plus de notre présence régulière, on peut aussi poser des gestes réconfortants, comme lui apporter du mobilier ou des objets significatifs qui lui sont chers et familiers, comme un tableau, une couverture ou un fauteuil, par exemple, et qu’il pourra inclure dans son nouveau lieu de vie.
La bienveillance et les aînés
L’approche bienveillante des proches et du personnel soignant à l’égard de la personne en perte d’autonomie est essentielle pour favoriser une transition plus harmonieuse lorsque vient le temps pour la personne âgée de quitter son domicile. Lancée cette semaine, l’initiative «Au fil du temps» vise justement à mieux comprendre le vieillissement du cerveau et à favoriser la bienveillance auprès des aînés.
En plus d’une foule de textes informatifs, ce site web intègre des capsules vidéo et des balados, dont l’un intitulé Quitter sa maison. Pour découvrir cette nouvelle plateforme web, rendez-vous au aufildutemps.quebec.
En comprenant mieux ce que vivent les personnes aînées, nous devenons pour eux de meilleurs alliés et pourrons ainsi mieux les aider.