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Pénurie de main-d'œuvre: devenir enseignant remplaçant sans formation

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À l'école secondaire des Chutes à Shawinigan, un enseignant qui n'a aucun diplôme en enseignement est en charge de deux classes de français, une solution hors du commun pour pallier la pénurie de main-d'œuvre qui frappe les écoles. 

Depuis janvier, une classe de français compte sur un enseignant bien particulier. Il n'a pas de baccalauréat en enseignement, ni même d'expérience dans le domaine. 

Toutefois, avec la pénurie de main-d'œuvre, Patrick Bégin a décidé de mettre à profit un cheminement de réorientation de carrière en donnant son nom comme suppléant. Après les fêtes, on lui a demandé d'assumer les deux tiers de la responsabilité pour deux groupes de français, et il a accepté de relever le défi.

Avec son passé de journaliste, il possède beaucoup de connaissances qui peuvent l'aider à enseigner le français. Son arrivée dans l'équipe-école pose tout de même son lot de défis, à commencer par l'encadrement.

«J'ai tout de suite dit au directeur, moi j'embarque dans l'aventure, mais je veux être très bien encadré. Je veux avoir du mentorat. Alors ce que j'ai fait pour commencer, je suis allé voir dans des cours de français», a expliqué M. Bégin, qui voulait examiner la dynamique de classe et prendre exemple sur des collègues.

Mylène Riendeau, une autre enseignante, l'a pris sous son aile. Elle l'aide à préparer ses cours, les examens, en plus de répondre à toutes ses questions. 

«On s'est fait une planification d'un mois et demi, cours par cours. Il se pratiquait, je répondais à ses questions. Des fois c'est moi qui faisais semblant de donner un dix minutes de cours pour l'aider», a raconté Mme Riendeau.

L'un des plus grands défis, alors que le manque d'enseignants est important, est d'assurer une stabilité pour les élèves. Sans quoi, les impacts risquent de se faire sentir. 

«Quand c'est jamais la même personne qui t'accompagne, et que la personne ne sait pas nécessairement où elle s'en va d'un cours à l'autre, c'est sûr que [chez] les jeunes, il y a une démotivation et les apprentissages se font moins bien par la suite», a fait voir le directeur de l'école, Yves Dessureault.

Le Centre de services scolaire de l'Énergie a fait appel cette année à 44 enseignants non-légalement qualifiés. L'année dernière, ils étaient seulement 31 à être sollicités. «De tous les temps, on a eu des gens qui n'avaient pas nécessairement le baccalauréat en enseignement, mais qui avaient des qualifications quand même», a ajouté M. Dessureault.

Il a également confié qu'un bon professeur doit avoir une bonne personnalité en plus des qualifications, ce qui fait partie de la recette gagnante pour trouver un enseignant.

Les défis sont ainsi nombreux pour la direction, l'enseignant, les élèves et le reste du personnel, mais parfois, c'est la seule option pour s'assurer que des classes comme celle de M. Bégin aient droit à un enseignant toute l'année.

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