Il a poussé un aîné d'un balcon: «Je me suis mis une étiquette de meurtrier dans le front»
Un jeune de 27 ans est incapable de se pardonner
Un jeune de 27 ans est incapable de se pardonner d’avoir tué un septuagénaire en le poussant du haut d’un balcon après une altercation qui a dégénéré. Il avoue maintenant se voir comme «un meurtrier».
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«Je reste pris avec ma culpabilité, a laissé tomber Samuel Charbonneau. Quand j’ai appris sa mort, j’ai crié haut et fort que j’étais un meurtrier [...] Tous les jours, j’essaye encore de comprendre.»
Le jeune homme, qui a plaidé coupable d’avoir causé involontairement la mort de Jacques Bernier, le 11 septembre 2021, à Huberdeau, une petite municipalité des Laurentides au sud de Mont-Tremblant, a témoigné mercredi au palais de justice de Saint-Jérôme dans le cadre des représentations pour la sentence qu’il devrait recevoir.
Lors de la journée fatidique, Charbonneau passait la soirée avec des amis dans un petit bar. En se rendant dans un dépanneur non loin, il s’est fait invectiver «sans raison» par la victime, qui habitait à côté.
Menace de «balle dans la tête»
«Il m’a menacé, il a dit “mets ton masque sinon je vais te tirer une balle dans la tête”. Moi je ne comprenais pas pourquoi», a relaté Samuel Charbonneau.
Le jeune homme a alors tenté de «désamorcer» la situation en faisant des blagues avec lui.
Autant la préposée du dépanneur qu’une employée du bar lui ont dit de «laisser faire» M. Bernier, car ce dernier était bien connu dans le village pour son habitude de se tenir sur son balcon et de lâcher des remarques aux passants.
Tout le reste de la soirée, où il a consommé une bonne quantité d’alcool, l’accusé était incapable de passer par-dessus cette interaction, où il s’était senti «attaqué».
«Ma tête n’arrêt[ait] pas de tourner à cause de l’altercation, et je commen[çais] à être pas mal plus intoxiqué», a reconnu Charbonneau.
Il a alors décidé de retourner chez la victime, avec un ami, pour «comprendre pourquoi il avait dit ça».
Poussée à deux mains
Mais la discussion a rapidement dégénéré. Jacques Bernier tenait une petite fourchette dans les mains, et le ton a monté alors que la victime disait qu’il allait les «piquer».
«J’ai eu un moment de petite panique. Mon cerveau a associé que la fourchette qu’il avait dans les mains s’en allait dans les yeux de mon ami, c’est là que je l’ai poussé, il a passé par-dessus la rambarde», a expliqué Samuel Charbonneau, reconnaissant qu’il avait utilisé ses deux mains.
Pris de panique, les deux amis sont partis à la course et sont retournés au bar.
Il s’est dénoncé
Dès le lendemain, l’accusé est allé au poste de police pour se dénoncer.
«Je faisais juste penser à la famille de monsieur Bernier et je ne voulais pas qu’ils aient à attendre trop longtemps pour que justice se fasse. Je voulais aussi m’enlever ce fardeau des épaules, a-t-il expliqué. Je me suis mis une étiquette de meurtrier sur le front.»
Il a «pleuré toutes les larmes de son corps» en apprenant le décès de la victime, qui a succombé à ses blessures près de trois semaines après la chute.
«Si ce n’était que de vous, à quel moment auriez-vous plaidé coupable?» lui a demandé son avocate, Me Stéphanie Auclaire.
«Dès que j’ai su la mort de M. Bernier», a répondu Samuel Charbonneau.
Deux visions différentes
Le ministère public et la défense vont aujourd’hui faire valoir leurs arguments sur la peine à décerner à l’accusé.
Le procureur de la Couronne au dossier, Me Steve Baribeau, a annoncé son intention de réclamer une sentence de trois à quatre ans de pénitencier.
En défense, plusieurs suggestions seront mises de l’avant:
- Une sentence suspendue avec une période de probation de trois ans, assortie de 240 heures de travaux communautaires
- 90 jours de prison à purger de manière discontinue, la fin de semaine
- Un emprisonnement de deux ans moins un jour, à domicile
C’est la juge Nancy McKenna qui devra trancher.