Ils sont gênants!
Tremblay

Quand est-ce que vous avez vu plus nuls à Montréal ? Les Nordiques de 31 points de Michel Bergeron ? Peut-être, mais c’était à Québec.
Je lis avec fascination les textes de nos braves correspondants de guerre qui couvrent les activités de nos Glorieux et j’ai le goût de brailler.
Sont tellement déprimants et traîne-savates depuis quelques semaines que les vaillants journalistes de beat ont de plus en plus de difficultés à se concentrer sur le journalisme ; ils sont presque obligés à faire de la thérapie de groupe. Ils leur trouvent des excuses, ils se penchent sur des blessés pas pressés de sortir de leur grabat et ils tentent de trouver des points d’encouragement pour donner un peu d’oxygène aux fans.
Contre les Red Wings de Detroit, vos Glorieux ont lancé 21 fois vers le but. La fois d’avant, c’était 14 tirs. Y a une façon de s’encourager. C’est d’écrire et de dire que les GLORIEUX ont amélioré de 33,3 % leur nombre de tirs au but.
Y ont pas plus scoré, mais y ont plusssss lancé. Wooow !
Pis y a le capitaine qui parle de motivation...
Parlons-en de la motivation
Je vais vous parler de vieilles affaires. Parce qu’elles pourraient éclairer différemment ce qui se passe avec vos Bienaimés.
Y a une année, il y a bien longtemps, le Canadien s’est retrouvé dans une situation exactement semblable à celle de vos charmants Calinours. Les gars n’avaient pas de motivation à se faire mourir pour gagner un match. Gagne ou perd, ça ne faisait plus de différence au classement final.
Guy Lafleur, Jacques Lemaire, Pete Mahovlich, Serge Savard, Ken Dryden ou Larry Robinson avaient tellement gagné de matchs qu’ils allaient finir la saison avec une avance de 91 (QUATRE-VINGT-ONZE !) points sur les Red Wings de Detroit dans leur division Prince de Galles. Ils allaient gagner 60 parties, sans période supplémentaire et tirs de barrage et amasser 132 points.
De la fierté
Fait que la motivation, ils la prenaient où ? Puisqu’ils pouvaient se permettre de perdre sans trop se forcer ? Pourquoi donc Guy Lafleur se défonçait-il à chaque présence ? Pourquoi le grand Serge était-il en calvedos quand le Canadien accordait trois buts ?
Et pourquoi Scotty Bowman, assis derrière l’autobus sur la route, scrutait-il les classements de la NBA pour être certain que le Canadien gardait une meilleure moyenne de victoires et de défaites que les Nuggets de Denver ?
Parce qu’ils étaient fiers. Parce que Scotty Bowman était payé pour les faire gagner, pas pour tenir une garderie. Parce que Sam Pollock finissait tous les matchs en sueur tellement il voulait que son équipe gagne chaque match. Chaque période. Chaque présence.
Parce que c’était des gagnants. Pas des perdants.
Avoir du caractère
Pas obligé d’aller si loin en arrière. Qu’on se rappelle la dernière vraie bonne équipe à avoir joué à Montréal. Avec Patrick Roy devant le but qui ne voulait rien savoir. Avec Mathieu Schneider qui était fendant plein le nez. Avec Carbo et sa tête de cochon. Avec Vincent Damphousse et son talent si élégant. Avec Kirk Muller et Éric Desjardins qui allait devenir capitaine des Flyers de Philadelphie. Pensez-vous que Mario Roberge était toujours facile à vivre ? Ou Lyle Odelein qui buvait plus de bière dans une journée que Michel Côté dans Broue ?
Pensez-vous que Serge Savard et Jacques Demers auraient accepté pareille mollesse et semblable laisser-aller ?
Sont gênants. Hier, un grand connaisseur de hockey les défendait en soulignant qu’ils avaient perdu plusieurs matchs serrés 4-3 ou quelque chose du genre.
C’est justement le propre des losers de perdre 4-3. Quand ça devient serré, quand il faudrait serrer les dents et faire un effort de plus, ça devient trop pénible. Bah, ça va changer quoi de perdre une neuvième de suite ? La garderie est joyeuse, l’éducateur est souriant et le principal a déjà annoncé que la garderie serait encore ouverte pour les deux prochaines saisons.
Ça se peut qu’un miracle se produise. Qu’ils soient de vrais Glorieux dans deux ans. Pas de problème. On écrira de beaux reportages et de belles chroniques inspirées et inspirantes et tout le Québec électrique sera content. On verra dans le temps comme dans le temps.
En attendant, sont juste gênants.
De beaux prix de consolation
Il n’y a pas que du négatif avant le match contre les Capitals de Washington.
Je souligne que les joueurs des Caps sont furieux d’être exclus des séries alors qu’à Montréal, on est engagé avec les pauvres Coyotes de l’Arizona dans une course à la médiocrité absolue. En riant et en ayant du plaisir.
Quand même, la saison aura permis à Samuel Montembeault de montrer à toute la Ligue nationale qu’il avait l’habileté et le coffre nécessaires à tenir le filet pour n’importe laquelle des équipes. Pas nécessairement comme numéro un, encore qu’on ne puisse en juger, mais certainement dans un rôle d’auxiliaire fiable et stable.
Et l’arrivée de Rafaël Harvey-Pinard a été une bouffée de fraîcheur dans un groupe abattu par les défaites et les blessures. Son enthousiasme et son désir de vaincre ont fait du bien... pas juste à l’équipe, mais surtout aux partisans qui trouvaient les soirées interminables.
Et il peut donner une entrevue à BPM Sports. Lui.
Patience et sourire
Enfin, Martin St-Louis a su garder patience et sourire dans une situation perdante depuis le début. Il ne semble pas souffrir d’ulcères ou de dépression et il ne fera pas de crise cardiaque.
Michel Bergeron, lui, s’est tapé un gros infarctus six mois après cette abominable saison. Mais il buvait trop de café.