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L'increvable Trump



L’ex-président cumule les défaites électorales et sa situation judiciaire empire de jour en jour, mais il demeure le favori des républicains. Pourquoi ?

Le mystère Trump n’en finira jamais de défier l’explication. En 2016, il a enfreint toutes les règles de la politique et l’a emporté contre toute attente.

Aujourd’hui, Trump est formellement accusé à New York, il est dans la mire de la justice pour plusieurs autres délits criminels et il continue d’enfreindre toutes les règles. Rien ni personne ne semble toutefois capable d’arrêter sa marche vers l’investiture républicaine. Que se passe-t-il ? Au moins trois choses.

Le personnage ne change pas

Donald Trump n’est pas le premier politicien menteur ou corrompu à accéder au plus haut niveau de la politique américaine, mais ce qui le distingue est qu’il n’a absolument pas de scrupules et aucun sens de l’honneur.

Le seul président à qui on peut le comparer est Richard Nixon, mais au moins, au pied du mur, Nixon a eu la décence de s’éclipser.

Avec Trump, il n’y a jamais de regrets. C’est toujours la faute des autres. Il a réussi à projeter une image de force aux yeux de ses partisans indéfectibles alors que sa fuite des responsabilités révèle une totale faiblesse de caractère. À date, il a su exploiter cette image, non pas malgré, mais largement à cause des accusations et allégations contre lui.

L’électorat reste polarisé

Depuis longtemps, le cœur du message des républicains est la diabolisation des démocrates. Depuis quelques élections, la grande majorité des républicains reste fidèle au parti, peu importe le candidat.

Donald Trump a su tirer parti de cette diabolisation en y associant les griefs et les ressentiments de ceux qui se sentent menacés par les changements culturels ou exclus du progrès économique.

En puisant à même ces griefs et ressentiments et en légitimant les pulsions les plus sombres de ces électeurs, Trump est parvenu à faire confondre l’attachement partisan et la loyauté envers sa personne. Le Parti républicain est devenu un culte à sa personnalité.

Pour beaucoup de républicains isolés dans la bulle des médias de droite, les poursuites contre Trump sont interprétées comme des attaques contre eux-mêmes. Pas étonnant que le noyau dur de l’électorat républicain se replie vers l’objet de son culte au moment où il fait face à la justice, surtout si celle-ci est représentée par des procureurs démocrates... noirs de surcroît.

Pénurie de colonnes vertébrales

Donald Trump bénéficie aussi du manque flagrant de courage politique des élus de son parti, qui sont terrifiés à l’idée de tenir tête à celui qui a déjà mis fin à la carrière politique de plusieurs républicains qui ont osé le critiquer.

Si des aspirants républicains à la présidence ont jusqu’à maintenant plaidé le besoin de renouveau du parti ou souligné timidement les déboires électoraux entourant Trump depuis 2018, aucun n’a osé condamner les actions manifestement illégales à l’origine des ennuis judiciaires de Trump.

À moins qu’un candidat muni d’une colonne vertébrale sorte de nulle part pour le confronter et à moins que le système judiciaire passe à la vitesse grand V pour le condamner (c’est mal parti), il faudra se faire à l’idée d’une campagne présidentielle de Trump en 2024.

Pourra-t-il gagner et redevenir président ? Ça, c’est une autre question.







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