Salles de prière: pas interdites dans les cégeps et les universités
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Le gouvernement Legault n’a pas l’intention de bannir les salles de prière dans les universités et les collèges, comme il y en a notamment aux cégeps Garneau et Sainte-Foy à Québec.
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«Ce n’est pas dans nos intentions, pour l’instant», fait savoir jeudi le cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry.
La veille, son collègue Bernard Drainville a interdit aux écoles publiques de transformer des classes en salles de prière. Une directive en ce sens doit être émise sous peu au réseau de l’Éducation. Elle est actuellement «en rédaction».
Le ministre a pris cette décision après que des écoles secondaires de Laval ont autorisé l’ouverture temporaire d’un local de «ressourcement» pour permettre aux élèves de prier. «Ce n’est tout simplement pas compatible avec le principe de la laïcité, avec la loi sur la laïcité», a-t-il argué.
Mais des locaux de prière existent aussi dans des établissements d’enseignement supérieur, même si ceux-ci ne sont pas soumis à toutes les dispositions de la loi 21 sur la laïcité de l’État.
C’est le cas notamment au cégep Garneau. Un «local de prière pour la communauté étudiante musulmane» est disponible pour la période du ramadan. Une trentaine de jeunes en font usage, précise-t-on.
Le scénario est le même au cégep de Sainte-Foy, où on explique que la législation en place oblige les établissements d’enseignement à accommoder les personnes ayant des besoins particuliers, ce qui comprend aussi les besoins religieux.
Accommodement raisonnable
Selon la Fédération des cégeps, le fait de mettre un local à la disposition de la population étudiante ne contredit pas la notion de neutralité religieuse de l’État. «[Cela] constitue plutôt un accommodement raisonnable au sens de la Charte des droits et libertés de la personne», plaide la porte-parole.
N’empêche, le Parti Québécois réclame des règles claires aussi pour les cégeps et les universités.
«Les mêmes questions pratiques se posent. Est-ce que ce local-là serait disponible à toutes les religions? Et, si oui, comment ça s’aménage? Est-ce que ce serait normal que les hommes puissent y rentrer, mais pas les femmes, comme le cas qu’on a vu récemment? Est-ce que c’est le rôle des institutions publiques d’aménager et d’organiser des temples de prière? La question se pose très sérieusement», a fait valoir le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon.
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Est-ce qu’il y a un mouvement organisé pour relancer le débat sur la laïcité et les accommodements raisonnables? Selon le leader souverainiste, «c’est difficile de croire que ce ne soit pas une action concertée dans le but de changer ce qui, je crois, était une compréhension commune au Québec, à savoir qu’une école, ce n’est pas un lieu de culte».
PSPP souligne que les récents évènements «coïncident» d’ailleurs avec des appels téléphoniques reçus par des élus péquistes. «[Ces appels] n’étaient pas tout à fait agréables, sur ces questions-là, pour mettre une forme de pression en ce sens-là», s’est-il limité à dire.
Permettre et encadrer la prière
Au Parti libéral du Québec, on croit que le gouvernement Legault doit émettre une directive pour permettre et encadrer la prière à l’école. «Ça prend une ouverture pour le permettre, puis ça prend des balises qui soient claires et qui vont venir des directives», soutient le chef intérimaire libéral, Marc Tanguay.
Le chef parlementaire solidaire croit pour sa part que les directives du ministre Drainville au sujet des salles de prière dans les écoles doivent respecter «le gros bon sens». Gabriel Nadeau-Dubois souhaite que des locaux de «recueillement», comme il en existe déjà dans plusieurs institutions publiques, doivent continuer de pouvoir être aménagés dans les écoles.