Santé: c’est trop facile de blâmer les syndicats pour tous les maux
Parent

Les attaques contre les syndicats se multiplient ces jours-ci dans la foulée de la réforme de notre système de santé.
Du lecteur-commentateur jusqu’à la gent journalistique, les jugements à leur égard s’avèrent sévères. Cela n’a rien de surprenant en sachant que le gouvernement caquiste a préparé l’opinion publique en conséquence.
Depuis des mois, monsieur Dubé impute aux syndicats ses incapacités à régler les problèmes et il se prémunit contre un potentiel échec de sa réforme.
Les syndicats ne sont pas parfaits, toutefois, on ne doit pas les croire responsables de tous les maux qui affligent le système de santé.
Malheureusement, les opinions émises à leur sujet reposent trop souvent sur une ignorance de leurs obligations et de leur fonctionnement.
On s’ennuie du temps où la plupart des médias affectaient un journaliste au suivi du monde du travail et des relations patronales-syndicales !
L’objectivité
La charge de Patrick Lagacé contre Julie Bouchard, présidente de la FIQ, m’est apparue grotesque et il y aurait eu intérêt à chercher des explications sur la discrétion de cette dernière face à Paul Arcand.
Traditionnellement, les parties patronales-syndicales évitent la négociation sur la place publique. Ça semble vouloir être différent avec le gouvernement Legault alors que ce dernier a profité de la chronique de l’animateur vedette pour en remettre une couche sur le dos de la présidente de la FIQ dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Comme si ce n’était pas assez, on a eu droit aux déclamations du docteur Lamontagne, ancien président de l’ordre, qui pestait contre les syndicats et la bureaucratie en nous donnant l’exemple de la Suède.
Il a cependant oublié de mentionner que le taux de syndicalisation dans ce pays et chez ses voisins se situe au-dessus de 70 %. Il faut croire que les syndicats ne tuent pas la créativité.
Quant à la lourdeur bureaucratique québécoise comparée aux Suédois, il omet d’indiquer que l’administration des services publics est locale et régionale et de faire le décompte de leurs fonctionnaires.
Bouleversement syndical?
D’autres opinions ont été émises sur les emplois syndicaux, les libérations de tâches ou les cotisations syndicales. En soi, la réforme n’y changera rien. Comme dans les fusions précédentes la plupart des officiers y retrouveront leur compte.
On peut présumer que la FIQ, l’APTS et la CSN seront les organisations syndicales qui continueront d’être présentes dans le monde de la santé alors qu’elles détiennent la majorité des membres dans les catégories d’emploi.
Que la mobilité soit nationale n’est pas une catastrophe en soi, après tout la France fonctionne sur ce modèle. Il faut néanmoins prendre acte que c’est un sérieux changement de culture qui va l’encontre d’un courant de gestion préconisant la prise de décisions à proximité.
Il faut appréhender que la réforme Dubé soit un changement cosmétique de structure sans effet durable sur les soins.
Je ne crois pas que les syndicats seront la cause de l’échec prévisible!