Tramway: 43% plus cher que ce qui était prévu par la Ville de Québec pour les rames
La mise en service se fera en 2029 et non pas en 2028
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La construction des rames du tramway de Québec coûtera finalement 569 M$, soit 43% de plus cher que ce que la Ville de Québec anticipait. La mise en service du tramway se fera en 2029 plutôt qu’à l’été 2028.
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Après quatre mois de négociations intenses, le comité exécutif de la Ville de Québec a formellement recommandé jeudi d’accorder le contrat de construction des rames à la multinationale française Alstom, seule soumissionnaire pour ce volet du processus d’approvisionnement.
Le contrat négocié est d’une valeur de 569 M$ pour la conception et la fourniture de 34 rames de tramway de la gamme Citadis (avec l’option d’avoir cinq rames supplémentaires). Initialement, la Municipalité avait calculé que la construction des rames coûterait 397 M$. Alstom avait fait une soumission à 677 M$, à l’automne 2022, mais ce prix a baissé après les pourparlers.
Dans son style imagé, Daniel Genest, chef du bureau de projet du tramway, a parlé «d’une chirurgie à cœur ouvert» pour décrire les négociations qui ont duré des milliers d’heures. Il a ajouté que la proposition du géant français est «techniquement et financièrement solide».
Une mise en service en 2029
À ce stade-ci du processus, il est impossible de deviner le coût total du tramway, a insisté le maire Marchand. D’après lui, on ne peut pas faire une simple «règle de trois» pour tenter d’anticiper le coût du volet «infrastructures», qui représente la part du lion du budget global.
Le retard enregistré dans ce second volet fera d’ailleurs en sorte que les travaux du tramway ne débuteront qu’au printemps 2024, au lieu de cet été. La mise en service n’aura donc pas lieu à l’été 2028, mais au printemps ou à l’été 2029, a confirmé le maire de Québec en réponse aux questions des journalistes.
Nouvelles données sur l’entretien
D’autre part, la Ville a révélé de nouvelles données quant au coût d’entretien du tramway, sur une période de 30 ans, après sa mise en service.
Le contrat signé avec Alstom prévoit un coût total de 768 M$, soit 59 M$ de plus que ce que la Ville prévoyait. C’est le Réseau de transport de la Capitale (RTC) qui assumera cette facture.
Les frais d’entretien ont été dévoilés «par transparence», a mentionné le maire, en expliquant qu’il ne faut pas faire l’erreur d’additionner les deux montants (569 M$ pour réaliser le tramway et 768 M$ pour l’exploitation).
Juste prix
La signature formelle du contrat avec Alstom est «souhaitée» pour le 24 avril après l’entérinement du contrat par le conseil municipal et par le conseil d’agglomération. Il ne s’agit pas d’une formalité, puisque le maire Marchand est à la tête d’une équipe minoritaire et que l’opposition de Québec d’abord n’a pas voulu clairement communiquer ses intentions.
Jeudi, le maire Marchand a soutenu qu’il s’agit du «juste produit pour Québec au juste prix» dans un contexte économique inflationniste et volatile. Selon lui, la Municipalité a choisi une «technologie éprouvée et adaptée au climat nordique et à la topographie» de Québec.
La gamme Citadis des rames est la même que celle qui compose le train léger d’Ottawa. MM. Marchand et Genest ont toutefois assuré que ce sera une version améliorée et que Québec ne connaîtra pas les mêmes problèmes vécus dans la capitale fédérale depuis l’automne 2019.
On estime que les rames du tramway de Québec commenceront à être fabriquées en novembre 2023 et que le début de l’assemblage se fera à partir du deuxième semestre de 2025 à La Pocatière.
Ce qu’ils ont dit
- «On espère appuyer [la signature du contrat]. Mais c’est dur parce qu’il y a beaucoup de choses qui sont inquiétantes dans ce qu’on nous dit», Claude Villeneuve, chef de Québec d’abord.
- «L’annonce du maire, c’est tout simplement une façon de cacher les vrais coûts. C’est de la poudre aux yeux. On peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres», Patrick Paquet, chef d’Équipe Priorité Québec.
- «Le tramway de Québec est une composante majeure du Réseau express de la Capitale. Nous avons toujours soutenu le développement de cette infrastructure. Nous continuerons les discussions avec la Ville de Québec afin de doter notre capitale nationale d’un réseau structurant de transport collectif», Geneviève Guilbault, ministre des Transports.
- «Les contrats s’enchaînent l’un après l’autre pour nous après des années de hauts et de bas. C’est très rassurant pour la suite des choses. La production devrait mobiliser une centaine d’employés et de cols blancs au quotidien à partir de l’automne 2024», Marco Lévesque, président du syndicat de l’usine d’Alstom à La Pocatière.
- «C’est très rassurant pour l’avenir. Ça assure la pérennité de l’usine et ça va permettre de maintenir des bons emplois pour plusieurs années», Vincent Bérubé, maire de La Pocatière.