Psycho: se sortir du harcèlement professionnel ou personnel
Personne n’est à l’abri de subir du harcèlement psychologique, que ce soit au travail ou dans sa vie personnelle. Le phénomène est souvent sournois. Il met le doute sur nos compétences et il faut un certain temps avant de s’en apercevoir et de mettre le doigt dessus.
Alors qu’elle était à la retraite, Caroline a décidé de retourner travailler, sans obligation, simplement dans le but de donner au suivant. «J’ai beaucoup d’expérience dans mon domaine, avec des capacités de gestion éprouvées. Dès le début, lorsque j’ai commencé cet emploi, j’ai senti qu’il y avait comme un malaise avec ma supérieure. Elle a constaté que j’étais autonome et que je n’avais pas besoin d’elle pour avancer dans mon travail.»
Insidieusement, la perception de Caroline s’est tranquillement confirmée. «Ma supérieure me faisait des commentaires désobligeants. J’avais l’impression que tout ce qui venait de moi n’était jamais bon. Je commençais à douter. C’était très sournois, parce qu’à certains moments, elle était très correcte.»
Dans le but de mettre les choses au clair et de stabiliser une bonne relation, Caroline est allée voir sa supérieure, en dehors de ses heures de travail, pour lui demander s’il y avait un problème. «Elle a reconnu qu’elle n’avait pas été correcte. Ça s’est arrêté, mais tranquillement pas vite, elle a repris son attitude négative envers moi. J’étais dans un état de vulnérabilité à ce moment-là, à cause de plusieurs problèmes dans ma vie personnelle. Mais je prenais sur moi et je faisais mon travail, même si elle était dénigrante envers moi.»
Comme c’est souvent le cas dans ce genre d’histoire, l’environnement était témoin des agissements de sa supérieure. «Je suis allée voir le cadre au-dessus de ma patronne, il m’a dit qu’elle était comme ça, il la défendait. J’ai alors menacé de partir, mais ils ont tout fait pour me retenir.»
Cessez le harcèlement
Une rencontre a été organisée avec le cadre, sa supérieure directe, Caroline et une tierce personne responsable. «J’avais mis sur papier tous les comportements que je trouvais inacceptables de sa part, en me basant sur des faits réels et vérifiables. J’ai tout dit directement, en expliquant que, quand elle faisait ça, je me sentais de telle ou telle façon. Ça s’est plutôt bien passé, elle n’avait pas d’arguments contraires.»
La situation s’est améliorée pendant quelques semaines, mais le naturel revient vite. «C’est uniquement envers moi qu’elle faisait des réflexions et avait des comportements harcelants. Un jour, une autre employée est venue me voir en me disant que ma supérieure n’avait pas à me parler de cette façon et qu’elle pourrait m’aider puisqu’elle faisait partie du comité contre le harcèlement au travail. Mais elle m’a aussi dit que j’étais la seule à pouvoir arrêter ça.»
Caroline a pu compter sur l’aide précieuse d’Isabelle Côté, qui l’a soutenue dans sa démarche. «Je suis une personne joyeuse, je m’amuse en travaillant, et j’étais devenue terne et triste. Mon conjoint m’a fortement encouragée et soutenue. Ma supérieure était proche de la retraite, mais elle faisait durer les choses. Au terme d’une réunion avec la direction, elle a finalement décidé de prendre sa retraite et de quitter l’entreprise.»
Depuis, Caroline ne reçoit que de bons commentaires, l’ambiance de travail a complètement changé et la direction a pleinement confiance dans son leadership et ses compétences.
Travailleuse sociale d’expérience, Isabelle Côté a été victime d’une menace de mort qui l’a fortement ébranlée dans son ancien travail. Elle a ensuite suivi une formation de prévention de la violence qui lui a permis de comprendre les mécanismes du harcèlement. Elle a creusé le dossier, fait des recherches sur le sujet, pour arriver à développer des stratégies d’intervention pour lutter contre ce problème. Elle vient de sortir «Cessez le feu! Comment désamorcer les violences du quotidien», dans lequel elle donne des pistes de solution pour comprendre et contrer les violences et le harcèlement.
«On parle beaucoup de harcèlement, mais il y a peu d’outils pour en sortir. Avec mon expérience, j’ai développé la technique de l’IDÉ: identifier, dénoncer et établir un plan. Dans mon livre, il y a, par exemple, une grille de dépistage avec des indicateurs de comportements et d’attitudes qui aident à identifier la situation.» Caroline a d’ailleurs utilisé cette technique au complet pour se sortir de sa situation problématique.